L’irrésistible escalade – L’édito de Patrice Chabanet
Regardons la réalité en face : Israéliens et Palestiniens ne sont plus en état d’entendre le moindre appel au calme. Les combats cesseront ou s’atténueront, non pas faute de combattants, mais faute de munitions. Tout se passe comme si les belligérants voulaient saturer le potentiel militaire de l’adversaire. Le Hamas lance des milliers de roquettes sur Israël. On est très loin des frappes ponctuelles qui constituaient l’ordinaire des relations entre les deux camps. De son côté, l’Etat hébreu répond à ces attaques avec les milliers de missiles du « dôme de fer ». A priori, en raison de son potentiel économique, Israël a les moyens d’avoir le dernier mot dans cette bataille aérienne.
Le Hamas, pour sa part, a tout intérêt à laisser la situation s’envenimer et à pourrir. On appelle cela le cynisme. Attitude perceptible en Cisjordanie où la population arabe commence à se manifester et à manifester. De fait c’est un second front qui s’ouvre. Mais le plus grand danger pour Israël est le réveil de la population arabo-israélienne en son sein, une première plus qu’inquiétante. Un germe de guerre civile sans doute plus dangereux que le choc des armes. Après des décennies de cohabitation relativement paisibles, ces blessures seront longues à guérir, si elles guérissent un jour.
En arrière-plan demeure l’incapacité de la communauté internationale à imposer la paix. Le Hamas a une obsession : la destruction d’Israël. Les dirigeants de ce dernier restent figés sur une ligne de conduite constituée comme une fortification politique : le maintien du statu quo. Deux points de vue inconciliables entre lesquels prospèrent la haine et le rejet de l’autre. Avec chaque fois, une escalade des moyens mis en œuvre : hier les jets de pierres de l’intifada, aujourd’hui les outils de la guerre moderne. Les extrémistes des deux camps peuvent se frotter les mains : le temps joue pour eux et consolide le mur de l’irréparable.