L’insoutenable aveu – L’édito de Patrice Chabanet
Comme si la décapitation de Samuel Paty n’avait pas suffi à nous épouvanter, l’aveu de la collégienne, par qui tout a commencé, vient ajouter l’horrible à l’horreur. Elle a reconnu avoir menti en accusant l’enseignant d’islamophobie. Elle était tout simplement absente lors du cours dont elle s’était plainte auprès de son père. Ce dernier jetait alors en pâture Samuel Paty. Une déferlante de haine et de délation sur les réseaux sociaux, avec l’adresse du jeune professeur. Pour bien charger la barque, un militant islamiste s’était joint à l’hallali.
La gamine regrette aujourd’hui. Bien tardivement. Idem pour son père qui explique son attitude par un coup de sang provoqué par l’exclusion de sa fille du collège. Mais au milieu de ces explications peu crédibles, il ressort quand même une triste réalité : la contamination des esprits, jusque dans les collèges, par un islamisme rampant. L’avocat de l’adolescente avance l’argument selon lequel elle « a été poussée par des camarades de classe à rapporter ce qu’ils ont vu alors qu’elle était absente ». Bref, ce n’est pas vraiment de sa faute, ce n’est pas non plus celle de son père. Une façon de nier l’engrenage fatal.
Peut-on voir dans cette affaire l’expression de l’islamo-gauchisme ? L’expression fait débat, on le sait. Mais sur le fond, il y a bel et bien des comportements inadmissibles qui peuvent apporter la mort. Comment ne pas relier ce drame aux errements constatés à l’IEP de Grenoble. Là encore des intégristes érigent des tribunaux religieux pour savoir qui est habilité à faire son cours sur les religions . La classe politique et tous les démocrates de ce pays auraient intérêt à se mobiliser pour extirper les racines d’un mal plus profond qu’on ne le dit. Il n’est pas normal que des enseignants s’autocensurent ou assurent leurs cours la peur au ventre. L’école de la République doit avoir le dernier mot. Sans exception et en toutes circonstances.