Linge sale – L’édito de Christophe Bonnefoy
L’époustouflante carrière de Johnny Hallyday nous aura confortés dans l’idée que les Français ont besoin de héros. D’icônes. D’idoles. Sa mort, elle, aura confirmé que les images, et même les émotions, peuvent être trompeuses. Qu’il ne faut jamais prendre pour argent comptant l’apparente union sacrée d’un moment donné.
La guerre autour de son héritage, enfin, a au moins une première vertu : elle nous fait réviser nos connaissances en matière de succession. Donation au dernier vivant, validité des testaments, droits des enfants, du conjoint… tout, tout, tout, vous saurez tout sur ce qui aurait dû en l’occurrence rester évoqué dans l’ambiance feutrée d’une étude de notaire et mis sous clé.
Mais ici, la fortune estimée de l’artiste se compte en dizaines de millions d’euros et les questions de gros sous se régleront, bien sûr par avocats interposés, mais aussi via ce qu’on pourrait appeler une espèce de “plan com”. Chacun avance ses pions, en toute froideur presque, au vu et au su de la planète entière. Communiqué de l’un, communiqué de l’autre, vérités supposées à rétablir, bataille de chiffres… un peu comme s’il était nécessaire de prendre à témoin la France entière, et les fans par la même occasion.
Ce grand déballage sur la place publique a tout d’une saga, qui risque de compter des centaines d’épisodes, un peu comme le “Dallas” de la grande époque. Chacun prendra parti pour l’un, pour l’autre, chez les anonymes comme chez les proches de la famille Hallyday. Ça a déjà commencé. Le linge sale ne sera visiblement pas lavé qu’en famille. Une bien triste image, après celles, pourtant touchantes, du grand départ du rocker.
A quand le film ? Et au fait, à qui seraient reversés les droits, si le cinéma s’emparait du sujet ?