L’inflation dope-t-elle une quête de compléments de revenu ?
Le représentant d’un groupe de vente directe indépendante a récemment animé une réunion publique. Jean-Claude soutient que ses affaires pètent le feu. Près de 40 personnes étaient là, dont une dizaine pour se renseigner. Il était question de compléments de revenu.
« On vend des produits dont on ne peut se passer ». Jean-Claude est venu de Metz pour animer une réunion publique à Lachapelle-en-Blaisy. Dans la salle des fêtes, une quarantaine de personnes y assistent -dont dix ont été invitées par des collaborateurs du groupe de vente directe indépendante (VDI) qu’il représente. Jean-Claude s’est déplacé pour accroître la communauté haut-marnaise. Ceux qui en sont déjà ont intérêt à agrandir leur communauté, et donc à augmenter conjointement leur rémunération. « On a tous un réseau. Amis, associations… ». Voilà comment Jean-Claude balaie les réticences de ceux qui, régulièrement, soupireraient : « il faut trouver du monde … » pour devenir un VDI. Et puis, insiste-t-il, « c’est faire ses courses différemment ». Or, personne n’échappe aux courses, le public doit comprendre que les faire « différemment » ennoblit la tâche. En outre, pas besoin de se casser la tête pour empocher ce complément de revenu : il suffit de « fidéliser une quinzaine de clients » pour que « 250 à 300 € » viennent chaque mois mettre du beurre dans les épinards.
Et l’intervenant de poursuivre son calcul, en augmentant le réseau constitué : cette fois, c’est « un SMIC à 30 h par mois et un voyage à New-York en 2024 » qui viendrait mettre une plaquette complète dans le plat. Sans parler – et Jean-Claude en parle précisément- d’ « un revenu de 3 000 € par mois qu’on peut mettre en place en 10 mois ».
« Moi, mon téléphone me rapporte 26 € /mois »
« La personne à convaincre, c’est soi-même ». Jean-Claude vante maintenant les techniques vertueuses du groupe qu’il représente. « On fait de l’anti-Amazon. Moi, je vends à mes 15 personnes qui sont des proches ». Dont des bijoux, de la maroquinerie -voilà qu’on s’éloigne de la gamme des biens indispensables. Mais l’annonce la plus fracassante reste à venir. « Vous parrainez 10 personnes et votre forfait mobile égale 0 €. Moi, mon téléphone me rapporte 26 € par mois, ça me paie mon café pendant ce temps ». Cette fois, le tour du plan proposé est à peu près bouclé. Une précision encore. « On vous demande de prendre un dossier de démarrage à 199 € ». Avant la conclusion. « Qu’est-ce que vous voulez ? Combien vous voulez gagner ? Réfléchissez ».
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr
« Avec les retraites, notre croissance prend feu »
Aucune question n’a été posée par le public. Il y a ici des gens de tous âges, des hommes et des femmes. Les voilà maintenant réunis autour d’un pot. Jean-Claude accepte volontiers de répondre à quelques questions. « Pendant le Covid, on a fait + 40% de croissance au plan national ». Après un léger recul post-confinement, il indique qu’ « avec les retraites, ça prend feu. Ça revient à peu près au niveau du premier confinement ». Il chiffre le nombre d’ « unités » haut-marnaises : entre 130 et 140. Si seulement les Haut-Marnais ne péchaient pas par « sur-modestie… », pointe-t-il. « Mais on est de plus en plus reçus et on nous écoute ». Oui, soutient Jean-Claude, « les gens viennent bien sûr pour l’argent… mais aussi -et c’est important- pour l’empathie ». D’ailleurs, pour sa part, c’est « les aider à réussir » qui l’emballe, et il refuse d’imaginer qu’il en soit autrement car ce serait « faire de la m… ». Les catégories socio-professionnelles les plus sensibles à l’offre de son groupe sont « des profs, des infirmiers, des agriculteurs ».