L’impossible défi – L’édito de Patrice Chabanet
Il y a cinq ans, la COP s’était fixé à Paris l’objectif de contenir le réchauffement climatique en dessous de 2 degrés. Mais on sentait confusément que, faute de dispositions contraignantes, le pari ne serait pas tenu. Il n’a pas été tenu. D’où l’exhortation du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres : les responsables du monde doivent déclarer « l’état d’urgence climatique » dans leurs pays. Message entendu hier au cours d’un sommet par visio conférence. D’où un concours de promesses. L’Union européenne s’engage à réduire d’au moins 55% l’émission de gaz à effets de serre pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Un exemple parmi d’autres. On demande à voir. Dans un monde régi par la dictature de l’urgence et du court terme, que valent des objectifs qui devraient se réaliser pleinement dans 30 ans ?
Des signes d’espoir existent pourtant. Parmi eux l’engagement de Joe Biden de revenir à l’accord de Paris dès sa prise de fonction en janvier prochain. Le retrait des Etats-Unis décidé par un Trump convaincu qu’il n’y a pas de réchauffement de la Terre avait plombé la COP pour des raisons évidentes. La Chine, de son côté, surenchérit en annonçant un objectif de neutralité carbone à 2060. Le souci écologique affiché par les dirigeants chinois n’est sans doute pas sans arrière-pensées politiques. Pékin qui ne cache pas son intention de devenir la première puissance mondiale ne veut plus qu’elle soit la plus polluante, ce qu’elle est actuellement. Même dans le domaine de la protection de la planète, elle entend étendre son leadership.
Plus globalement, après avoir traîné les pieds, les nations et leurs peuples ont pris conscience qu’ils étaient le dos au mur. Les désordres climatiques sont de plus en plus fréquents, de plus en plus destructeurs. C’est la survie de notre espèce qui est en jeu. Des pans entiers du capitalisme l’ont compris en jouant la carte de la transition écologique, au demeurant une possibilité de rebond pour l’économie. Quant à ceux qui se crispent dans le déni, il sera toujours difficile de les convaincre…