Lieu du marché d’été : à savoir si le débat était évitable
Le marché d’été a repris ses quartiers place Diderot, mercredi 4 août. Il avait été déplacé en lisière du cœur de ville, au motif unique de travaux, soutient la Ville. Qui l’a rapatrié quand ils ont pris fin. Mais, la plupart des exposants et chalands doutent de l’explication avancée.
« Il y avait des travaux, on n’a pas eu le choix. La première date a certes connu une fréquentation un peu poussive, mais après, on a eu pas mal de visiteurs car sur le boulevard Maréchal de Lattre de Tassigny, on était à proximité du camping Navarre ». En écho à l’exposant Willy Gouthière, qui juge que l’empoignade autour du déplacement en juillet du marché Made in Pays de Langres (MiPdL) de la place Diderot pour ce boulevard en ceinture de la cité ne rime pas à grand-chose, sa cliente Annick est un brin irritée que le sujet ait pris autant d’ampleur. « Il y a des Langrois qui préfèrent tout garder intra-muros ». Sous couvert d’anonymat, on glisse même alentour que le débat a enflé « parce que quatre ou cinq exposants ont boycotté le nouvel emplacement du marché : ils préféraient être place Diderot ». À l’inverse, un autre vendeur, « habitué » du marché estival voit d’un mauvais œil le déménagement opéré de juillet. « Changer d’endroit, ça perturbe les gens ». En revanche, les discussions autour du motif avancé par la Ville -des travaux place Diderot, impliquant une mise en danger potentielle du public- « ne (l)’intéressent pas » : ce mercredi 4 août, il se contente de savourer d’avoir repris ses quartiers place Diderot.
« Les travaux, c’était du flan »
« On est trop contents d’être de retour ici et les gens reviennent, et ça vend ». Pour le coup Sophie Da Silva, vice-présidente de l’association MiPdl et toujours à tenir la boutique éponyme, est de ceux qui déploraient vivement le glissement du marché en lisière du cœur de la cité. « Là-bas, ça ne vendait pas ». Alors oui, convient-elle, il faut encore patienter pour que « les gens reviennent ». Reste qu’elle garde en mémoire l’affront qui a été fait aux exposants. « Trois ou quatre se sont sentis trahis ». À l’entendre, la décision municipale a tant et tant choqué que « tout le monde venait prendre des photos de l’échafaudage… et de la place Diderot vide le mercredi après-midi », ayant en tête que des commerçants du centre-ville pouvaient avoir interféré pour excentrer le marché. C’est qu’en obligeant à claquemurer la place Diderot (avec la borne près du collège), la clientèle serait empêchée de venir jusque chez eux. Or, ce mercredi 4 août, Sophie tient la preuve que l’intercession était infondée : « là, il y a plein de gens sur la place, y compris sur les terrasses, qui font le plein ». Total : « les travaux, c’était du flan ». Pour sa part, elle en conclut qu’ « on écoute ceux qui g.… le plus fort… et c’est sûr que ce ne sont pas les manières des producteurs et des artisans locaux ». Avant de se demander quel « mal » ils ont bien pu faire pour être ainsi maltraités. Sachant, poursuit-elle, qu’ils ont déjà subi deux mauvais coups : le changement du jour de tenue du marché, il y a deux ans (du jeudi, « un jour qui fleure bon le week-end », il est passé au mercredi, encore enchâssé dans la semaine), et l’instauration de « la menace de stopper net le marché si, une seule fois, il réunissait moins de dix exposants », l’an passé.
« La place Diderot est l’emblème de la Ville »
« Les clients là-bas (boulevard De Lattre de Tassigny) attendaient que le marché soit rapatrié place Diderot ». Martine est une Langroise qui « ne croit pas du tout au motif des travaux » pour justifier le déplacement du marché. Pas le profil à monter à l’assaut des barricades, Martine, du tout. Simplement, elle a fait son calcul : « après 17h, il n’y avait plus personne à travailler sur ce chantier, je suis venue exprès pour voir ». Une passante s’arrête dire bonjour, sur sa droite, sur sa gauche et au milieu. « Je préfère que le marché se tienne place Diderot car c’est tout de même le lieu emblématique de la ville ». Avant d’ajouter, maligne : « et si les gens se garent place Bel-Air, eh bien ils doivent remonter la rue Diderot… où ils sont susceptibles d’acheter ! ». Histoire d’indiquer que le déménagement du marché aurait été en tout cas le fruit d’une réflexion à l’envers… et pourquoi pas d’exclure la possibilité que des commerçants aient pu peser dans cette initiative. Bref, Allô, quoi, mais à quoi rime ce ramdam, tout ça pour ça.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr