Libres d’aller pêcher
Aller à la pêche ! En cette période de restriction des libertés individuelles, la pêche fait office d’échappatoire. L’ouverture pour les cours d’eau de 2e catégorie piscicole intervient ce samedi 24 avril. Elle offre l’occasion de retrouver un semblant de normalité l’espace de quelques heures.
Le lac du Der-Chantecoq a devancé l’appel le week-end dernier au bénéfice d’une dérogation spécifique aux grands lacs intérieurs qui autorise la pêche dès la mi-avril. Le constat est sans appel : la pêche a la cote après une saison 2020 tourmentée. « Environ 400 pêcheurs étaient présents sur le Der samedi pour cette ouverture. La pêche actuellement, c’est le meilleur des antidépresseurs », estime Eric Delforge, président de l’Union des Fédérations et Associations pour la pêche et la protection du milieu aquatique qui gère le loisir pêche sur le plus grand réservoir artificiel d’Europe.
Du côté de la Fédération de pêche de Haute-Marne, on constate également un regain d’intérêt évident pour le loisir pêche depuis le début de l’année. « On est sur de très bonnes bases à la veille de cette ouverture du carnassier : + 34 % d’adhérents par rapport à la même période la saison passée soit 6 574 pêcheurs encartés », précise Maxence Lemoine, responsable du développement.
Toutes les catégories bénéficient de cet engouement, notamment les jeunes avec une hausse de plus de 50 % pour les cartes « mineur » et « moins de 12 ans », sans compter les cartes « parrainage » qui, depuis cette année, permettent à un adulte de coopter un jeune qui souhaite découvrir la pêche. « On a beaucoup de retours aussi au niveau des AAPPMA (Association agréée pour la pêche et la protection du milieu aquatique, Ndlr) du département qui confirment cette tendance : les gosses retournent à la pêche », se réjouit Maxence Lemoine.
Eviter de pêcher sur les frayères à sandres
Dans la même veine, les infractions constatées sont elles aussi orientées à la hausse. « Essentiellement des actions de pêche sans carte et de dépassement du nombre de salmonidés autorisés. Pour cette dernière catégorie, on s’y attendait avec les déversements de compensation effectués par les AAPPMA à la veille de l’ouverture de mars », poursuit le technicien de la Fédération qui chapeaute également les équipes de gardes pêche.
D’ailleurs, pour cette ouverture de samedi, du côté de la fédé 52, on tient à faire passer un message de bon sens : « les pêcheurs devront éviter les zones de reproduction du sandre. » Pour cette espèce, l’ouverture interviendra le samedi 12 juin. La Fédé 52 préconise aussi de limiter le nombre de pêcheurs par embarcation : deux membres d’un même foyer par barque et le port du masque si des petits groupes se forment ou sur les aires de mise à l’eau.
Détaillants toujours « non essentiels
La pêche peut être pratiquée sans restriction de déplacement sur l’ensemble du département. Une mesure logique puisqu’on incite désormais les Français à ne plus rester enfermés. Plusieurs études tendent en effet à prouver qu’on ne se contamine pas en extérieur mais plutôt dans la sphère professionnelle ou familiale.
Dans ce contexte sanitaire « particulier », les grands perdants sont les adeptes de la pêche de la carpe de nuit, spécialité qui est toujours proscrite – en raison notamment du couvre-feu à 19 h – mais aussi les détaillants d’articles de pêche qui ont toujours portes closes car classés dans la catégorie des commerces dits « non essentiels ».
La pêche est autorisée mais les détaillants restent fermés ou travaillent à minima en formule « click and collect ». Un paradoxe de plus qui fait le bonheur des sites de vente à distance.
Anicet Seurre
Du black bass à Villegusien
Les responsables de la Vingeanne vigilante sont prêts pour l’ouverture de samedi. Michel Fadeau, le président de l’AAPPMA locale s’attend « à voir un peu moins de monde qu’en temps normal compte tenu de la restriction de déplacement imposée aux pêcheurs hors département. » L’ouverture des carnassiers attire généralement des pêcheurs de Côte-d’Or et de Haute-Saône (30 % des effectifs) sur le lac de la Vingeanne où les conditions d’ouverture sont plutôt bonnes à un détail près : la température de l’eau encore un peu fraiche pour la saison.
Le lac vient de bénéficier d’un empoissonnement en black bass « car on n’a pas beaucoup de sandres ici et l’essai d’introduction mené il y a deux ans sur le canal a été très concluant. » Six cents spécimen en provenance d’une pisciculture située près de Belfort ont été introduits. Des sujets de 30-32 cm. La taille de capture du black bass est fixée à 40 cm en Haute-Marne mais il est conseillé de relâcher ce superbe poisson de combat.
Des perches à Charmes et à La Liez
« Tout le monde est impatient d’y retourner », assure Philippe Mortet, président de l’Epinoche Langroise, AAPPMA qui gère la pêche sur le réservoir de La Liez et sur le lac de Charmes en commun avec La gaule nogentaise. Les digues ont retrouvé un bon niveau d’eau -après une année 2020 marquée par des étiages sévères – « mais on ne voit pas trop d’herbiers pour le moment », poursuit-il. En 2019, une tonne de brochets avait été déversée à Charmes et à La Liez. Cette année, ce sont des perches (250 kgs) qui ont été introduites sur les deux digues.