L’homme pressé – l’édito de Patrice Chabanet
On le pressent déjà : le nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, ne voudra pas en rester là. Matignon n’est qu’une étape dans un plan de carrière rondement mené. L’homme est pressé. En témoigne le débit de sa voix, saccadé. Le prouve aussi son passage à l’Education nationale, rapide mais dense, avec des mesures choc comme l’interdiction de l’abaya. Quand il se rase le matin le portail de l’Elysée doit lui apparaître dans le miroir.
La rumeur, cette sempiternelle rumeur, dit que sa nomination ne faisait pas l’unanimité au sein de son propre camp. Des oppositions vaines. La preuve. Sa complicité avec Emmanuel Macron est évidente. L’addition de deux ambitions. Pour le chef de l’Etat, il est hors de question de finir son quinquennat en roue libre s’il veut laisser un nom dans l’Histoire. En choisissant Gabriel Attal il est persuadé que l’éventuelle réussite de ce dernier redorera son blason. Pour le nouveau locataire de Matignon des succès sur des grands dossiers constitueraient un avantage dans la course présidentielle.
En attendant, il devra résoudre les problèmes du quotidien et s’assurer d’une certaine bienveillance des oppositions. Rien à attendre du côté de LFI et du RN qui forment de facto un axe anti-Macron. En revanche, LR a accepté avec une forme de courtoisie républicaine la nomination de Gabriel Attal, comme une perche tendue pour des relations plus apaisées avec l’exécutif. Il faudra attendre la composition du gouvernement pour déceler des gestes d’ouverture. Il en va de l’avenir du macronisme.