L’homme et l’œuvre – L’édito de Christophe Bonnefoy
Doit-on dissocier l’homme de l’œuvre ?
Oui, si l’on en croit un certain microcosme qu’on pourrait qualifier ironiquement d’artistico-bobo.
Non, pour peu qu’on ne fasse pas d’une star un intouchable, qu’on ne lui pardonne pas ce qu’on ne laisserait pas passer chez les autres. Et qu’on ait pleinement conscience qu’un statut d’icône n’autorise pas tout. Souvenons-nous des César. De l’onde de choc qu’avait provoquée la récompense décernée à Roman Polanski, alors même que lui étaient reprochées des relations sexuelles illégales. Présomption d’innocence ? Obligatoirement. Indécence, indéniablement.
Et maintenant ? Le cas Depardieu nous ramène à la question préalable. Peut-on reconnaître que “Depardiou”, comme l’appellent les Américains, est à la fois l’un des plus grands acteurs que la planète cinéma ait connus et un personnage à l’attitude scandaleuse ? On peut.
Problème, pour lui surtout, personne, sauf à faire preuve d’une incroyable mauvaise foi, ne regardera plus jamais Cyrano ou Christophe Colomb avec les mêmes yeux. On ne parle ici même pas des plaintes déposées contre lui, mais tout simplement, pour n’évoquer qu’eux, des propos dévoilés dans l’émission “Complément d’enquête”, sur France 2. Juste abjects.
Sa famille s’insurge. Et dénonce une « cabale » contre l’acteur. Avec ses proches, il serait « extrêmement pudique, délicat et même pudibond ». Tant mieux pour eux. Mais on aurait aimé que publiquement, il ne se cantonne qu’à un rôle de gentil provocateur. Sans tomber dans le scabreux.