L’heure de vérité – L’édito de Patrice Chabanet
Au-delà de toutes divergences, l’intérêt d’un débat comme celui qui s’est tenu ce mardi à l’Assemblée nationale est de souligner la gravité du moment. Eh oui, nous sommes en guerre, de très loin pour les uns, de plus en plus près pour les autres. Concrètement, une très large majorité des députés s’est prononcée en faveur du traité franco-ukrainien.
Il n’en demeure pas moins vrai que notre pays aurait pu faire l’économie du tohu-bohu qui a précédé un vote finalement très net. La responsabilité de cette polémique franco-française est multiple. Emmanuel Macron, sans doute avec une arrière-pensée, avait lancé les hostilités en affirmant qu’il n’excluait rien en ce qui concerne l’engagement des troupes françaises en Ukraine. Un piège dans lequel se sont engouffrées les oppositions. Elles ont surtout reproché la forme du propos présidentiel : on ne révèle pas ses intentions à l’adversaire. Une critique respectable, mais lestée d’une lourde contradiction. En s’opposant explicitement à l’envoi de troupes au sol en territoire ukrainien, elles livrent elles aussi une information capitale à Poutine en lui laissant les mains libres dans le cas plausible où il envahirait un Etat balte ou la Moldavie.
Quant à l’idée que seule la négociation mettra un terme au conflit elle est l’expression d’une grande naïveté au mieux, d’une complaisance coupable au pire. Et si on peut se féliciter de la large majorité qui s’est dégagée à l’Assemblée, demeure un malaise diffus. L’unanimisme qui s’est formé autour de la cause ukrainienne au début de toutes les interventions avait quelque chose de choquant. Trop factice pour être vrai.