L’exception a un prix et les motards ont intérêt à s’en rappeler
Un expert agréé en véhicules de collection a estimé la valeur de motos d’exception samedi 21 mai à l’Atelier Vintage à Saints-Geosmes. De quoi rassurer les propriétaires et épater les candides, d’autant que ces montures hors norme ont souvent une histoire singulière.
« Ces journées expertise permettent aux propriétaires de véhicules de collection de connaître leur vraie valeur en cas de sinistre ». Le restaurateur de voitures et de motos anciennes Sylvain Barral en organise régulièrement après que le ciel lui a tombé sur la tête, le 4 janvier 2014. Il a commencé cette année-là complètement à l’envers. Le sinistre qu’on refuse tous d’imaginer s’est produit, anéantissant son parc privé de véhicules hors normes. « J’ai perdu 500 000 € ». Sachant que ni l’attachement qu’il éprouvait pour ces pièces rares, le bichonnage dont il les avait entourés, autant d’éléments naturellement inestimables sont aussi passés à la trappe. Souvenir assez cuisant pour qu’il propose aux fondus de véhicules de collection de faire valoir au moins les prix de leurs trésors à leur assureur en cas d’avarie.
« C’était la moto de mon grand-père ». Thomas Camburet est venu soumettre sa Terrot Supersport 175 cm3 à l’expert. Celle-ci date de 1934. Elle est rutilante, c’est son profil qui trahit son âge. Thomas a consacré près de trois ans à la restaurer. C’est la version qui a gagné le Bol d’or, en 1933, que Terrot a sorti en « modèle civilisé » l’année suivante. Une série très limitée : seuls 300 pièces ont été produites. La Terrot Supersport est en réalité « irremplaçable ». Toutefois, Sylvain peut déjà garantir sa valeur d’expertise auprès d’un assureur, son chiffre sera contractuellement valable pendant cinq ans. Sylvain connaît bien sa Terrot. Il a posé sous elle un carré de carton pour protéger le sol du garage. « L’huile qui fuit, c’était normal ». Cette Supersport atteint environ 110 km/h. En revanche, merci de calculer sa vitesse de pointe autrement qu’avec un compteur : il n’y en a pas. Verdict de l’expert : la Terrot vaut 20 000 €.
Deux signatures accolées en vedette
« En 1995, je faisais une balade en Normandie avec le moto-club de Chalindrey… et je me suis égaré ». Voilà Philippe Damiens tout seul au milieu de la campagne de la Manche. À prendre le temps de profiter du paysage. « J’ai soudain aperçu cette Godier-Genoud dans un champ ». Philippe stoppe, et part à la recherche de son propriétaire. Qui accepte de le prévenir s’il se décide à la vendre. Il se décidera. « Des modèles comme ça, on en compte moins de cinq en France ». Le gros cube est une « préparation d’époque ». L’expert l’apprécie… 47 000 €. Quand d’autres possèdent un appartement ou une maison, Philippe compte pour sa part sur sa Godier-Genoud pour plus tard. « Elle m’aidera à payer ma maison de retraite ».
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr