L’évolution du logement en 100 ans de Chaumont Habitat
En 1923, Georges Lévy-Alphandéry fondait l’Office public d’habitation à bon marché à Chaumont. Des premières constructions aux dernières démolitions, le directeur adjoint de Chaumont Habitat retrace 100 ans d’histoire.
L’année 2023 marque les 100 ans de Chaumont Habitat. Pour l’occasion, le directeur adjoint, Sébastien Agnus, revient sur ce siècle d’activité, en se confiant sur l’évolution du logement social. A la création l’Office public d’habitation à bon marché (OPHBM), en 1923, qui deviendra par la suite les habitations à loyer modéré (HLM), « le besoin était de donner un toit ». L’histoire du bailleur social commence ainsi par la construction de logements d’urgence, jusque dans les années 60.
Les maisons individuelles rue Ribot, du Clos Gougenheim, du Fort Lambert et de l’avenue des Etats-Unis, toutes toujours debout aujourd’hui, sortent de terre entre 1930 et 1940. Elles n’avaient alors ni toilettes ni douche ni chauffage. Elles étaient seulement dotées d’un robinet et d’un poêle à bois dans la cuisine, la pièce familiale. Il n’y avait pas de salon. Si ces premiers logements sociaux ont été construits en urgence, ils sont composés de charpentes en bois et de murs de pierre. Des matériaux devenus nobles, finalement délaissés par Chaumont Habitat depuis les années 50.
Entre 1950 et 1960, suite à l’Appel de l’Abbé Pierre en février 1954, les cités d’urgence de La Suize, des Fauvettes et de Saint Roch sont construites. Les surfaces habitables sont réduites d’environ 10 %. Moins durables, beaucoup de ces logements ont été détruits.
Baby-boom et logement de masse
La décennie suivante, l’enjeux change avec l’arrivée des baby-boomers. Près de 900 logements sont construits, dans de grands ensembles d’une centaine de logements, dont le quartier du Cavalier. Dans les appartements, la pièce « séjour » fait son apparition, placée au centre du logement. « La construction devient semi-industrielle, avec des éléments préfabriqués », note Sébastien Agnus. Le Cavalier s’accompagne d’une nouveauté : une citée commerciale groupée, où se trouve aujourd’hui le Secours Populaire.
Dans les années 70, le quartier de la Rochotte marque la construction de près de 1 200 logements. « Les habitations sont construites davantage en hauteur et sont plus concentrées », indique Sébastien Agnus. Aussi, le séjour n’est plus central à l’appartement, qui se compose dorénavant d’un « coin nuit », séparé des espaces de vie. La cuisine et le salon se retrouvent à l’entrée des appartements. Les chambres et la salle-de-bain sont regroupées ensemble, plus loin.
« Je pense que cette configuration répond à une plus grande diversité des horaires de travail des membres d’un même foyer. » C’est également la période star des appartements type T4 et T5, aujourd’hui difficiles à louer. « Le contexte familial a changé. On compte maintenant davantage de familles monoparentales et l’appartement type est le T3. »
Autre nouveauté de la Rochotte, l’installation de commerces en bas des immeubles. Banque, pharmacie, coiffeur, auto-école, boulangerie, boucherie et marchand de journaux ont ainsi fleuri.
Chaumont Habitat dédensifie
Les années 80 et 90 marquent le retour des maisons individuelles et des plus petits collectifs, comme l’immeuble St Exupéry, composé 50 logements. L’apparition des duplex accentue la séparation entre les espaces de vie et de nuit. Aussi, balcons et jardins améliorent la qualité de vie des habitants.
Les années 90 s’accompagnent de nombreuses réhabilitations, mais aussi la première démolition, celle de la cité Louise Michel, qui a laissé place à la résidence du Clos Adonis. Et, depuis les années 2000, l’heure est à la dédensification. Les démolitions se succèdent, notamment au profit des espaces verts, comme au Jardin des Possibles. Aussi, les cuisines ouvertes sur le séjour, dites « américaines » font leur apparition.
Julia Guinamard