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« L’essentiel est invisible pour les yeux »

Psychologue et psychanalyste, représentante haut-marnaise au Comité régional d’éthique du Grand Est, Brigitte Frosio Simon s’exprime sur la notion très subjective d’essentiel.

Qu’est ce qui, en dehors de ce qui vous permettra de parer à vos besoins vitaux – manger, boire, dormir se soigner – est essentiel pour vous ? Il est bien difficile de répondre à cette question. Brigitte Frosio Simon, psychologue et psychanalyste à Chaumont, apporte des éléments de réponse.

« Quand on évoque la notion d’essentiel, j’ai cette phrase d’Antoine de Saint-Exupéry qui me vient à l’esprit : “L’essentiel est invisible pour les yeux”. L’essentiel, ce n’est pas ce qui est vital, au sens biologique. C’est ce qui fait la vie. Quand j’ai fait mes études de psycho, nous avons étudié le travail de René Spitz qui, le premier, a décrit ce qu’est “l’hospitalisme” chez les nourrissons, en 1946, suite à la guerre. Pour résumer, on peut donner tous les soins jugés vitaux aux enfants. S’ils n’ont pas de relations humaines, ils meurent ! »

À chacun son essentiel

Pour la représentante haut-marnaise au Comité régional d’éthique, « c’est le lien à l’autre qui fait que l’on existe. L’essentiel n’inclut donc pas que la nourriture et les biens de première nécessité. Peuvent être essentielles des choses que certains peuvent juger superflues. « Le mascara peut être essentiel. Nous vivons dans le regard de l’autre. Même en télétravail, il peut y avoir des visio-conférences. Cela demande un minimum de soins. Si les femmes ne peuvent plus faire leur couleur ou leur brushing, cela peut aussi devenir dur. Le regard de l’autre est très important. »

La psychologue poursuit son raisonnement : « L’essentiel, c’est quelque chose d’individuel. Cela ne peut pas être défini pour une collectivité. »

« Nous sommes à l’entrée de l’hiver. Avoir des chaussures chaudes peut être essentiel. Il y a le plaisir d’essayer, d’avoir les conseils d’un vendeur. Avec le confinement, on perd l’échange, donc la vie. » La suppression d’interactions sociales conduit « au marasme, à la dépression ». « Et même la sexualité, que l’on inclut dans les besoins primaires, peut être impactée. Comment voulez-vous désirer l’autre, si votre désir n’est pas soutenu dans un échange. Le désir s’éteint. Il a besoin d’être alimenté. »

Avoir des liens sociaux

Novembre est traditionnellement le mois de l’année où le moral est au plus bas. Entre le changement d’heure, l’arrivée du froid, de la pluie et l’au revoir aux beaux jours, c’est souvent plus difficile. « On n’a rien pour se consoler : au premier confinement, il faisait beau. Là, on ne peut pas profiter des préparatifs de Noël, car on ne sait pas ce qui nous attend », reprend la psychologue selon laquelle le risque est d’aller « vers de l’agressivité, de la violence, qui sont des signes de dépression ».

Pour contrer la sinistrose ambiante, un message : « Continuer à avoir des liens sociaux, en respectant les gestes barrières ! »

S. C. S.

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