Les “Z’Apart’Anoue”, solution pour le logement étudiant à Saint-Dizier
Il n’est pas toujours facile de trouver un logement étudiant à bas prix, surtout dans une ville de taille moyenne comme Saint-Dizier. A la résidence autonomie de La Noue, une solution existe depuis 2015 pour les jeunes inscrits dans un parcours médico-social.
Si l’enseignement supérieur n’est pas une évidence à Saint-Dizier, on dénombre tout de même plusieurs dizaines d’étudiants, en BTS, en apprentissage, en formations d’infirmiers ou d’aides-soignants. Des étudiants qui n’ont pas pléthore de logements puisque le Foyer des jeunes travailleurs, rue Waldeck-Rousseau, a été fermé en mars 2004 et n’a toujours pas été remplacé.
Le Centre communal d’action sociale (CCAS) pallie une infime partie de ce manque en proposant deux types de logements pour les jeunes à Saint-Dizier, qu’il s’agisse d’étudiants, d’apprentis en formation, de nouveaux embauchés. Il y a neuf « Z’Apart » a la résidence Colbert, et deux « Z’Apart’Anoue » donc, à la résidence autonomie de La Noue. Depuis sept ans, les anciens du foyer-résidence de La Noue cohabitent avec des étudiants inscrits dans un parcours médico-social. Ces jeunes sont des locataires des Z’Apart’Anoue, soit deux appartements de deux places, au rez-de-chaussée de la résidence, à quelques mètres des logements de leurs aînés.
Astreinte hebdomadaire une fois par mois
Mais les Z’Apart’Anoue ont une particularité : contre un loyer extrêmement bas, les locataires sont d’astreinte une semaine par mois : le soir, une fois les professionnels de santé rentrés chez eux, ces derniers doivent assurer une permanence auprès des résidents, en cas de pépin ou de besoin. Sandra Kouakou, 21 ans, est étudiante en troisième année à l’Ifsi (Institut de formation en soins infirmiers) de Saint-Dizier. Cela fait deux ans maintenant, qu’elle réside dans un des deux appartements. « Pour la rentrée de septembre 2020, il n’yavait pas de résidence étudiante avec le Crous (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires) ici, alors j’ai cherché une solution en colocation et finalement, avec les réseaux sociaux, on m’a orienté vers le CCAS. » Contre 69 € par mois*, Sandra bénéficie d’un spacieux 70 m2, avec pour contrepartie, l’astreinte mensuelle du lundi au vendredi de 19 h 30 à 7 h 30 et toute la journée du dimanche.
« Quelque chose dans mon budget »
Depuis quelques mois, Sandra n’a pas de colocataire, à l’instar de Maximilien Gouilly, son voisin de palier arrivé le 1er août. Agé de 27 ans, ce Troyen est éducateur spécialisé en alternance avec le Bois l’Abbesse, via l’IRTS (Institut régional du travail social). Bénéficier d’un loyer très bas alors qu’il a déjà un appartement avec sa compagne dans l’Aube était pour lui une aubaine. « Il fallait quelque chose dans mon budget, et puis c’est bien, je travaille avec des enfants la journée, des seniors le soir. »
Une astreinte réalisée avec le concours de Vanessa Rhino, la directrice du foyer-résidence, qui garde son téléphone avec elle au cas où. « Depuis mon arrivée ici, le 10 janvier 2022, on ne m’a appelée qu’une seule fois », confie la responsable, pleinement satisfaite du sérieux de ses locataires, comme l’est Marie-Estelle Czekata, directrice du CCAS. « Quand il y a de bons jeunes, ça marche ! » Des locataires intégrés à l’équipe de la résidence autonomie, au même titre que les quatre agents (qui assurent l’astreinte les semaines où il n’y a pas de jeunes). « Ce qui est privilégié ici, c’est la présence physique », poursuit la directrice, dont l’établissement compte 24 appartements pour 26 résidents.
« En période de partiels, c’est compliqué »
Alors, pourquoi les logements ne sont-ils pas remplis ? Maximilien et Sandra sont les premiers à en être surpris. Est-ce l’astreinte qui est trop contraignante pour les jeunes désireux d’avoir tous leurs week-ends libres ? Ou la semi-colocation avec les seniors ? Etre étudiant et être contraint de faire silence chaque soir de la semaine ne semble pas poser problème aux deux locataires rencontrés (lire par ailleurs). En revanche, Sandra évoque une difficulté : « Si la garde tombe dans une période de partiels, c’est compliqué. Déjà qu’on ne dort pas bien avec le stress des examens, alors si le bip sonne en plus… »
Autre limite du dispositif, son manque de notoriété à Saint-Dizier. Marie-Estelle Czekata s’étonne que les candidatures ne pleuvent pas. L’investissement auprès des personnes âgées peut représenter une barrière, et la crise du Covid ne semble pas non plus avoir aidé. « Pourtant ça apporte une expérience professionnelle et c’est bien pour leur CV », poursuit Vanessa Rhino. Pour trouver des candidats, une présentation a été faite il y un peu plus de deux semaines aux étudiants de l’Ifsi.
N. F.
* Le loyer est de 54 € toutes charges comprises, auquel la jeune femme a ajouté le forfait machine à laver de 15 €.
Le CCAS bragard en exemple
Marie-Estelle Czekata a déjà été contactée par plusieurs autres CCAS qui ont eu écho en interne du fonctionnement des Z’Apart’Anoue, via l’UNCCAS, l’union nationale des CCAS. Bouches-du-Rhône, Var, Doubs, Seine-Saint-Denis, l’idée intéresse plusieurs centres. Seul regret de la directrice bragarde : « Nous n’avons pas forcément de retour d’expérience de leur côté. »
Deux étudiants conquis
Sandra est plus que satisfaite de son expérience aux Z’Apart’Anoue. A plus d’un titre. La jeune femme se sent « en sécurité » et est contente de retrouver les anciens le soir, « avec qui le contact s’est fait tout de suite ». Elle parle de quelque chose de « formateur », où elle doit gérer son emploi du temps entre l’école, les stages et la résidence.
A peine arrivé, Maximilien est tout aussi emballé. « S’ils veulent bien de moi, je vais y rester pendant mes trois ans d’alternance ! », assure le Troyen, qui a signé un contrat d’un an renouvelable l’été dernier.
Aucun des deux ne semble incommodé par le fait de cohabiter avec le troisième âge. « On peut inviter des gens, on a le droit de recevoir, après c’est comme partout, on ne met pas la musique à fond au milieu de la nuit ! », soutient Maximilien. « La fête, on la fait avec les anciens, poursuit Sandra. Vous voyez cette dame (derrière nous, à jouer aux cartes, au moment de notre entrevue, NDLR), le 14 juillet, elle a amené le champagne ! On partage de bons moments avec les résidents, on a des habitudes avec eux. »