Les ventes privées ont effacé l’effet “soldes”
Les soldes ont débuté sans attirer les foules. Certaines boutiques ont élargi leurs horaires d’ouverture afin de répondre à la demande des clients. Clients et donc commerçants qui se trouvent pénalisés par le couvre-feu.
Depuis bien longtemps désormais, les soldes ne présentent plus l’intérêt escompté pour les consommateurs et pour les commerçants. L’effet s’est émoussé avec la généralisation des ventes privées, des déstockages et de la concurrence d’Internet. Dans les rues de Chaumont, pas de foules aux portes des magasins, pas de frénésies d’achats, pas d’excitation surconsommatrice. Tout le monde est devenu extrêmement raisonnable.
Pourtant, de nombreuses enseignes chaumontaises ont fait l’effort d’élargir leurs horaires d’ouverture. Certains commerçants expliquent s’être calés sur les grandes surfaces. Ils ont ouvert dès 8 h. D’autres à 9 h au lieu de 10 h et d’autres encore annoncent qu’ils seront ouverts dimanche prochain, dans l’après-midi.
En fait, le problème est peut-être là avec une série d’individualité qui fait cavalier seul et un manque d’uniformisation qui égare les clients.
Effets de la crise sanitaire
En revanche, tous les commerces expliquent que les promotions effectuées en décembre et début janvier effacent totalement l’effet “soldes”. La crise sanitaire et ses conséquences ne sont pas étrangères à cela. Rue Toupot de Béveaux, la propriétaire d’une boutique explique qu’elle a déjà déstocké, avant même les soldes, en prévision d’un troisième confinement.
En fait, elle aurait préféré que la date d’origine des soldes, début janvier, ait été préservée afin de liquider les stocks.
Un peu plus loin, dans la même rue, l’effet Covid revient dans la conversation et plus particulièrement le couvre-feu imposé à 18 h. La vendeuse explique que les ménages ont changé leur manière d’acheter « par obligation ». Elle détaille : « ils ont peu de temps pour faire leur course et vont au plus rapide. Pour le commerce de centre-ville, la tranche 17 h/18 h est très importante ». Du coup, les soldes en pâtissent déjà.
S’adapter
Près des halles, dans une boutique de vêtements pour homme, les responsables et vendeurs jouent le jeu des soldes tout en sachant que les mentalités et les habitudes vont devoir changer. Ils notent un certain calme en matière de ventes depuis la fin de l’année 2020 et se plient aux circonstances en proposant des horaires d’ouverture plus larges.
Place de la Résistance, la propriétaire d’une boutique de filles estime que le seul intérêt des soldes est de réduire les stocks sachant que les achats, auprès des fournisseurs, se font un an à l’avance. « A chaque fois, nous faisons un pari sur l’avenir. C’est un véritable challenge risqué alors que même des grands groupes souffrent ».
Bien consciente que vendre de la marchandise soldée signifie vendre pratiquement à perte, la commerçante voit dans cette période de quatre semaines l’opportunité de remettre à flot sa trésorerie et de racheter la collection suivante.
Pour elle, la difficulté des travailleurs indépendants est de s’adapter aux nouveaux modes de consommation. Elle pense, évidemment, aux commandes électroniques mais également à des offres de disponibilité plus larges et adaptés. Ainsi, hier, elle a ouvert sa boutique à 8 h afin de compenser les fermetures précoces en soirée.
Mais, elle précise aussitôt que ce modèle économique n’est viable que dans les boutiques dont les propriétaires sont également commerçants. Il est impossible de le mettre en place avec des salariés. Elle résume : « nous sommes obligés de nous rendre flexible » tout en s’interrogeant sur la viabilité des commerces dans leur fonctionnement actuel.
Achats raisonnés
Chez les clients, faire les soldes ne signifie plus aller de boutique en boutique pour faire des achats compulsifs. Comme l’explique une mère de famille, « tout est très maîtrisé par manque de temps et du fait des obligations liées à la crise sanitaire ». Comme elle, en général, les clients connaissent parfaitement la boutique et sa marchandise pour aller au plus vite.
Frédéric Thévenin