Les tarifs du train déraillent – L’édito de Jean-Jacques Manceau
À la SNCF, tout est possible. Fidèle à son slogan publicitaire de 1988, l’entreprise vient d’annoncer qu’elle allait augmenter les prix des billets des TGV et des trains Intercités de 5 % en moyenne, tout en gelant les tarifs grâce à un bouclier tarifaire.
« Face à un surcoût de 13 % en 2023, nous pouvions faire le choix de réduire l’offre ou renoncer à nos investissements, nous ne l’avons pas souhaité. Nous voulons poursuivre le développement de l’offre, tout en continuant à proposer des tarifs attractifs », justifie Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs. De toute manière, il n’avait pas le choix puisque le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, a demandé à la SNCF de protéger « les plus modestes » en mettant en place un bouclier pour les particuliers.
Pour ce faire, le transporteur a mis au point une stratégie ingénieuse : proposer des « prix cassés » à l’ouverture des ventes, geler les tarifs des Ouigo et maintenir les taux de réduction des cartes Avantages à 30 %. Sans préciser si la base de calcul allait augmenter. La contrepartie d’une telle générosité ? La SNCF choisit de sacrifier les pros et les retardataires ! Elle va faire peser l’essentiel de l’effort sur la clientèle professionnelle. Tous les billets “Business Premiere” augmenteront d’office de 5 %, comme les tarifs des abonnements “Liberté”, “Max Actif” et “Max Actif +”.
De même, les clients qui réservent à la dernière minute prendront un coup de bambou, avec des hausses conséquentes. Ils devraient vite comprendre qu’une hausse moyenne de 5 % peut très vite atteindre les 20 %, si la demande pour la destination est forte. Pour parodier un autre slogan de la SNCF lancé en 1995, « pas sûr que ce soit la meilleure manière de nous faire préférer le train. »