Les syndicats de retraités planchent sur les déserts médicaux

Santé. Regroupant six syndicats haut-marnais, l’intersyndicale des retraités s’est lancée dans un combat contre les déserts médicaux le 31 mars 2021. Point d’étape un an après le début de leurs travaux.

Il y a un an, les représentants des syndicats de retraités de Haute-Marne ouvraient un dossier qui promettait d’être épais : comment venir à but des déserts médicaux ? « En Haute-Marne, 37 % de nos communes sont classées en désert médical pour les généralistes ; 57 % pour les infirmiers libéraux et 77 % pour les kinés », résumait Jean-Claude Ancelin (UNSA retraités).  Le désert médical désigne un territoire où les patients doivent parcourir plus d’une dizaine de kilomètres avant de trouver un médecin généraliste. Cela comprend aussi la notion de temps d’attente pour obtenir un rendez-vous : de plus d’une semaine pour un généraliste à plusieurs mois pour certaines spécialités comme la dermatologie ou l’ophtalmologie. Est également pris en considération le temps de trajet de plus de 10 mn de voiture pour trouver une pharmacie.

« Si on ne règle pas le souci des déserts médicaux, on ne règle pas le déclin démographique », ajoute Richard Vaillant (retraités CGT) pour qui ce sujet concerne l’ensemble de la population haut-marnaise.

Rencontre avec les partenaires

Pour faire bouger les choses, les retraités ont entrepris de rencontrer les partenaires concernés par la question. L’ordre des médecins tout d’abord. « Comme nous, ils pensent qu’il n’y a pas une mais plusieurs solutions selon les territoires. (…) Il faut éviter une surenchère entre communes pour attirer des praticiens, il faut un chef d’orchestre et le Département nous semblerait le mieux placé. Le conseil de l’Ordre pense que la liberté d’installation a trouvé ses limites », reprend Jean-Claude Ancelin.

L’intersyndicale est également allée à la rencontre de l’Agglo et du maire de Chaumont, sans que cela n’apporte d’avancées intéressantes. Président du Conseil départemental, Nicolas Lacroix partage le constat des retraités. Pro-actif dans le domaine de la santé, il projette de lancer deux cabinets médicaux mobiles avec des médecins salariés du Département pour desservir les cantons sans médecins.

Bonne écoute du président de Région

Datant du 16 mars dernier, l’entrevue avec le président de Région, Jean Rottner, a manifestement apporté satisfaction aux retraités. Ils se sont sentis écoutés, entendus et reconnus comme étant force de proposition. « Il avait lu les documents que nous lui avions transmis. Je vous assure que ce n’est pas toujours le cas ! Il a trouvé notre initiative très intéressante et pour lui, chacun a sa place dans la réflexion. »

L’intersyndicale s’est émue de l’absence de réponse de la part de de la Préfecture et de l’Agence régionale de santé pour une entrevue. « Mais nous allons les relancer », assure Richard Vaillant. Ils projette également de rencontrer les représentants des intercommunalités de Langres, Saint-Dizier ou encore la Caisse primaire d’assurance maladie.

L’objectif, après la tenue d’un débat public fin mai (lire notre encadré), est de faire des propositions.

S. C. S.

Une réunion, un débat, des propositions

Comment faire en sorte que des médecins s’installent en Haute-Marne ? « C’est l’une des questions les plus prégnantes du moment », pour Richard Vaillant. L’intersyndicale entend poursuivre les discussions avec l’ensemble des partenaires qui se sentent concernés. « Fin mai, nous aimerions faire un débat public avec la population et les médecins. L’idée est d’organiser cela en plein air, que les gens disent comment ils voient les choses et que chacun puisse s’exprimer. » Le lieu n’est pas encore défini, mais il pourrait s’agir « du Boulingrin ou de la place de l’hôtel de ville de Chaumont ».

Les retraités ont identifié l’échelon départemental comme étant le plus adapté pour se saisir de cette question des déserts médicaux. « On peut y adjoindre la Région », concluent-ils plus motivés que jamais.