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Les souvenirs d’été 1944 d’un maquisard ardennais

Luc Bailly avait rejoint avec son frère un maquis dans l’Argonne.

C’est à la demande de leur père que Luc Bailly et son frère ont rejoint un maquis, aux confins des Ardennes et de la Marne. Une période marquante de la vie du retraité chaumontais, dont, 80 ans plus tard, il se souvient avec une grande précision. 

Nous avions laissé Luc Bailly aux premiers jours de l’Occupation (Jhm Quotidien du 27 novembre 2023). Cette rude période s’écoule, à Monthois, sans évènement mémorable à signaler, à l’exception notable de l’atterrissage forcé d’une « forteresse volante » – un bombardier allié – près de Berzieux, côté Marne.

C’est alors, par « une belle nuit sans lune » de l’été 1944, qu’un bruit terrible réveille en sursaut la famille Bailly. Stupeur : dans la cour de la ferme, « une grande forme ovale », et « partout des parachutes ». Un parachutage venait d’avoir lieu ! Dix minutes ne se sont pas écoulées que trois hommes arrivent, dont un nommé Landin, responsable de la Résistance. C’était une évidence : l’opération ne devait pas avoir lieu à cet endroit. Mais il semble que la lumière de la chambre d’une voisine ait trompé les aviateurs. Vite, effacer les traces du parachutage : la famille aide les résistants à charger les conteneurs – 17 au total – dans une charrette, direction la forêt.

Passage par une passerelle 

Fin août 1944. L’anecdote est révélatrice de l’état d’esprit de M. Bailly, ancien combattant 14-18 : c’est lui-même qui demande à ce que ses deux fils, Luc et Guy, rejoignent la Résistance. Un maquis – dit de Lançon – se trouve en forêt, non loin de Châtel-Chéhéry, dans le secteur de Senuc. Les deux frères, âgés de 18 et 19 ans, emportent chacun une musette contenant à manger, à boire, des ustensiles de cuisine, une couverture. Puis ils gagnent le lieu de rendez-vous fixé. Là, une quarantaine d’hommes se retrouvent, dont certains originaires de leur village de Monthois. Puis tous, dans la nuit, se dirigent vers le camp, qui se trouve dans l’Argonne, aux confins des Ardennes et de la Marne. Ils y parviennent après avoir passé l’Aisne sur une passerelle.

Habillés en américain 

Dans le camp, se rappelle Luc Bailly, « il y avait environ 250 hommes ». Mais la libération devait rapidement intervenir, par les Américains qui entrent dans Vouziers le 31 août 1944. C’est là que les FFI défilent. Avec le sentiment du devoir accompli, Luc Bailly retrouve son foyer. Ultime événement, au cœur de l’hiver 1944-45 : à la suite de l’offensive allemande en Ardenne belge, « les gendarmes ont demandé à ce que des tournées soient faites parce que des Allemands habillés en américain étaient signalés. Nous avions chacun une mitraillette. » Mais ils ne verront jamais de soldats allemands.

Aujourd’hui âgé de 97 ans et domicilié à Chaumont, Luc Bailly, à la mémoire infaillible, explique n’avoir fait que son devoir. Il reste aujourd’hui un des derniers anciens maquisards champardennais à pouvoir témoigner de ce que fut la Libération, il y a 80 ans.

L. F.

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