Les rendez-vous de l’impossible – l’édito de Patrice Chabanet
Autant le dire d’emblée : le projet de réforme des retraites a peu de chance de passer l’obstacle des négociations. Les deux camps restent figés sur leurs positions. Certes les dernières discussions montrent un assouplissement du gouvernement. « Le report de l’âge de la retraite » n’est pas un totem, a lâché Elisabeth Borne. Un repli qui ne convainc pas les syndicats, y compris la CFDT. En clair, pas question d’accepter 65 ans ou 64 ans. C’est non et non.
Le gouvernement joue la carte des compensations, avec une retraite minimale à 1200 euros, la prise en compte des carrières longues et celle de la pénibilité. Autrement dit, du grain à moudre contre la potion amère de la suppression de la retraite à 60 ans. Mais il en faudrait beaucoup plus pour convaincre une opinion publique dont, majoritairement, le leitmotiv demeure « touche pas à ma retraite ».
L’exécutif se verra sans doute contraint de sortir la grosse artillerie législative pour passer en force derrière le 49.3. Sur le papier, c’est jouable, à une nuance près : les syndicats n’entendent pas se laisser imposer une loi qui, à leurs yeux, abat leur propre totem, la retraite à 60 ans. Ils jouent leur crédibilité.
Des manifestations sont déjà annoncées. De leur ampleur dépendra tout simplement l’avenir du quinquennat. Elles peuvent agréger d’autres motifs de mécontentement, comme l’inflation ou les inégalités sociales. Mais toute prévision reste un exercice périlleux. Mai 68 a éclaté dans un ciel serein. A l’inverse, à chaque été, des devins nous promettent un automne chaud et rien ne se passe. La corde qui se tend actuellement se rompra-t-elle ?