Les remparts de Langres ou le réconfort d’un paysage qui ne change pas
Avec sa ceinture, la cité de Langres tient une de ses fiertés patrimoniales. Qui, comme une grâce faite en retour… la maintient. Cet encerclement minéral qui ne change pas, mise la visibilité sur le chemin de ronde à part, offre un élément de stabilité indépassable aux Langrois. Un élément de réconfort, déjà. Qui permet aussi de se reconcentrer sur les rencontres qu’on y fait.
Sur les remparts, de couleur changeante des feuilles des arbres, il n’y a pas. Pour suivre la succession des saisons, il faut regarder par-delà la limite qu’ils forment. Cette limite ne bouge pas davantage -à l’œil nu, pas moyen de pointer des traces d’érosion des pierres, voilà une solide balustrade qui reste à peu près plantée comme elle l’a été -seuls les experts sont à même de repérer des effritements de ci, de là. Alors que vont chercher les promeneurs, spécialement le dimanche ? L’horizon, derrière… qui peut au demeurant avoir tout à fait disparu pour peu que le brouillard s’invite. Alors certes, le brouillard est en mesure de se montrer assez glouton pour aspirer dans le même temps le chemin de ronde, et on se met à marcher vers on ne sait où, une curiosité locale, une marque de fabrique de la cité perchée, et elle a du charme. Reste que le chemin de ronde n’est pas les remparts. Quand bien même le vent s’en mêlerait, modifiant les conditions de la balade. En clair, ce pourrait bien être autre chose que les promeneurs viennent chercher, spécialement le dimanche. De l’ordre de la reconnaissance, voire de la réassurance : on vient ici parce que précisément le paysage réserve peu de surprises, qu’il ménage, de fait. Offrant de la sorte d’autres possibilités de nouveauté, selon qu’on en ait soif ou pas. Le promeneur est libre de se concentrer notamment sur son homologue qu’il va croiser. Le cadre immuable redirige la curiosité, l’inattendu ailleurs. Vers les rencontres.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr