« Queereille » tendue par les profs de Luis-Ortiz
ÉDUCATION. Depuis quelques mois, au collège Luis-Ortiz, plusieurs professeures arborent une “queereille”. Cette affiche, signifiant qu’un enseignant est à l’écoute des élèves subissant des discriminations ou se posant des questions sur leur sexualité, semble déjà porter ses fruits.
Une oreille blanche sur fond de drapeau LGBTQ+ encadrée de deux messages – “Élèves, collègues, ce symbole signifie qu’une oreille attentive est là pour vous” en violet, et “Ne nous taisons plus face aux discriminations à l’école !” en rouge. Voici la “queereille”, une affiche arborée par des professeures – toutes des femmes – du collège Luis-Ortiz depuis mars 2023. « Nous voulons faire du collège un endroit plus sûr, pour tous les élèves victimes de discriminations, qu’elles soient liées à leur genre, leur couleur de peau ou leur orientation sexuelle », détaille Marine Mauvoisin, professeure documentaliste.
Concrètement, les élèves peuvent venir se confier auprès des professeures concernées. Ils sont assurés de trouver une oreille attentive et dépourvue de tout jugement. « N’importe quel enseignant peut la porter. Il suffit de se sentir à l’aise avec la thématique des discriminations, et d’être à l’écoute des élèves », poursuit Juliane Forget, professeure d’espagnol.
Développer le projet chez les profs
Pour l’heure, quatre professeures portent la “queereille”, en plus de la CPE qui l’affiche sur la porte de son bureau. Elles ont glané l’idée lors de formations, syndicales ou directement diligentées par l’Éducation nationale. Dans les deux cas, lesdites formations étaient sur la base du volontariat. Et afficher la “queereille”, dans sa salle de classe ou sur son sac à dos, dépend aussi de chaque professeur.
« Je serais ravie que plus de profs soient sensibilisés, mais j’ai bon espoir, ce n’est qu’un début », s’enthousiasme Estelle Guimbretiere, enseignant le français au collège Luis-Ortiz. « Mais nous ne faisons pas de prosélytisme, ce serait contre-productif d’imposer ça. Ce que l’on souhaite, c’est de sentir d’autres professeurs plus concernés », développe Marine Mauvoisin, en outre référente LGBTQ+ de l’établissement.
Quel bilan, après trois mois ?
Chez les élèves, la “queereille” suscite d’abord la curiosité. « Ils sont intrigués, nous demandent ce que c’est, mais ce n’est pas pour autant qu’ils viendront nous parler de ce qu’ils ressentent », explique Juliane Forget. Depuis qu’elle porte l’affiche, une élève est venue lui parler de sa situation. Estelle Guimbretiere a rencontré un peu plus de succès, « pour des questions de discriminations faites aux filles, ou d’orientation sexuelle ». Dans tous les cas, la “queereille” est partie pour rester, au collège Luis-Ortiz.
Dorian Lacour