Les preuves d’amour – L’édito de Christophe Bonnefoy
Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour. On connaît mieux la citation pour ce qu’elle dit que pour le nom de son auteur, Pierre Reverdy. Mais passons. En tout cas, le poète n’imaginait sans doute pas à quel point ses mots deviendraient universels.
Dans le Pas-de-Calais par exemple, les habitants victimes des inondations attendaient impatiemment Emmanuel Macron. Pas seulement pour s’entendre conter toute l’empathie et la compassion du président de la République, mais pour qu’il amène dans sa besace du concret, des solutions, un espoir.
C’est fait. Les mots du chef de l’État ont sans doute apporté du réconfort. Mais plus parce qu’ils ont été ressentis comme un coup de pouce à venir de l’État que pour la visite de l’homme lui-même. Les fameuses preuves d’amour…
Touchés à répétition par les graves inondations des dernières semaines, les sinistrés du nord de la France vont de désillusion en désillusion. De découragement de l’instant en détresse à long terme. Certains ne retrouveront jamais leur maison. D’autres sont prêts à engager les travaux nécessaires, mais sans aucune assurance que l’eau ne revienne à l’avenir ravager l’investissement d’une vie. Elle noie d’ailleurs encore actuellement toute la région, plongeant, si l’on peut dire, les habitants dans l’incertitude et l’impuissance.
Le classement en état de catastrophe naturelle de 244 communes du Pas-de-Calais et du Nord est logique. Il représente une première réponse. Tout comme le déblocage d’un fonds d’urgence de 50 millions d’euros pour les collectivités, puis un autre en direction des agriculteurs.
Mais il faudra bien un jour reposer tous les problèmes sur la table. Et s’attacher aux causes de sinistres qui deviennent récurrents. Oui, il peut pleuvoir en novembre. Oui, une rivière peut déborder. Mais l’Homme n’est pas étranger à, notamment, ces masses d’eau qui ne pénètrent plus dans les sols. A vouloir d’une certaine manière prendre le dessus sur la nature, il a fini par changer le cours de son évolution… On voit le résultat…