Les points sur les « i » – L’édito dr Patrice Chabanet
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Point trop n’en faut. L’engagement de la France au Mali devient flou et illisible. A l’origine il s’agissait d’empêcher la mainmise des djihadistes sur l’ensemble du territoire. Mission accomplie. Mais depuis quelques mois les autorités maliennes aux prises avec des coups d’Etat militaires à répétition ont changé de pied. En sous-main elles négocient des trèves locales avec les groupes terroristes. Une façon de prendre à revers l’opération Barkhane. Une ligne rouge a donc été franchie. Dans une interview au JDD, Emmanuel Macron menace de retirer les soldat français du Mali si ce dernier va « dans le sens d’un islamisme radical ». La réalité risque de donner corps à la menace présidentielle. La décomposition de l’Etat malien et la poussée régulière des islamistes rendent impossible tout retour à un semblant de démocratie. Les responsables militaires ne se font d’ailleurs aucune illusion : il faudrait au moins dix ans pour stabiliser la situation. Un petit Afghanistan au cœur de l’Afrique. On guerroie et on réussit des opérations coups-de-poing, avant de quitter le pays pour le laisser finalement dans l’état où on l’avait trouvé.
Aux Maliens de prouver leur détermination face au terrorisme qui ronge leur pays. Ce n’est pas à nos soldats de faire le sale boulot loin de leur patrie et d’être traités de force d’occupation. De surcroît, les Européens nous laissent gérer cet imbroglio. Visiblement, les dirigeants de Bamako sont désormais au pied du mur. Qu’ils basculent un peu plus vers la complaisance à l’égard des djihadistes et ce sera un repli plus rapide que prévu du contingent français. Sinon, ce serait accepter d’être roulé dans la farine. De moins en moins justifié. De moins en moins tolérable.