Les pattes dans le fumier

La situation d’Emmanuelle Charpentier illustre parfaitement l’impasse dans laquelle se trouve la France. Mercredi, cette chercheuse longtemps méprisée est soudainement redevenue française lorsqu’elle a reçu le Prix Nobel de chimie.

Mais, que personne ne se trompe, jamais elle n’aurait reçu ce prix si elle était restée en France. Il a fallu qu’elle s’expatrie à Berlin pour trouver des fonds, bâtir une équipe et trouver de nouvelles technologies. Car, faut-il le dire, un chercheur qui cherche, c’est bien. Mais, un chercheur qui trouve c’est mieux. Ou, comme le dirait un certain Charles de Gaulle : « des chercheurs qui cherchent, on en trouve. Mais des chercheurs qui trouvent, on en cherche ». Or, la France n’en cherche plus vraiment. En tout cas, elle ne s’en donne plus les moyens laissant aux autres ce pouvoir extraordinaire de changer les choses.

La France liquide toutes ses forces une à une parce qu’elle a un problème avec les entrepreneurs. Elle préfère les fonctionnaires. Pourquoi pas mais au moment où il est question de souveraineté, il va falloir considérablement changer les mentalités.

Pire : Emmanuelle Charpentier a, en plus, l’immense inconvénient de travailler sur les moyens de découper l’ADN pour réparer un gène malade. Autrement dit, elle fait avancer la thérapie génique et, ni plus ni moins, l’utilisation des OGM. Or, ce sujet d’étude est interdit en France se privant ainsi d’avancée primordiale en matière de santé, d’agriculture ou d’alimentation. Quel pays, par dogmatisme, peut se permettre une telle radicalité ?

Fière comme un coq les pattes dans le fumier, la France peut toujours se féliciter de la nationalité de cette chercheuse. Elle devrait plutôt avoir honte de l’avoir perdue.

Frédéric Thévenin