Les parchemins “animaux” de l’Abbaye de Morimond décryptés
CONFÉRENCE. La dernière conférence du jeudi, organisée par le Musée et ArchéOlonna, a eu lieu jeudi 7 décembre, au Théâtre. Intitulée “De l’animal au parchemin : l’évolution des espèces dans les archives de l’Abbaye de Morimond du XIIe au XVe siècle”, elle a été présentée par Aurélie Artizzu, doctorante en archéologie et sciences de l’Antiquité. La conférence du jour a mélangé à la fois archives, archéologie et histoire médiévale.
Fondée en 1115 et dissoute en 1791, l’Abbaye de Morimond est une abbaye cistercienne située à Parnoy-en-Bassigny, en Haute-Marne. C’est un lieu chargé d’histoire situé à l’époque au cœur du diocèse de Langres entre le Royaume de France et le Saint-Empire Germanique.
« Une influence économique importante »
L’Abbaye est la quatrième des abbayes filles de Cîteaux et a connu de nombreux pillages aux XVe et XVIe siècles. « L’abbaye a eu une influence économique importante, un fort rayonnement culturel et spirituel, puis a connu une grandeur notable à l’apogée de la Révolution Française en 1789. Elle fait l’objet de fouilles depuis 1998 », a précisé Aurélie Artizzu. L’abbaye compte de nombreux vestiges et manuscrits avec 700 parchemins originaux stockés aux Archives départementales.
Né en 200 ans avant JC, le parchemin est une peau d’animal, généralement de mouton, de veau ou de chèvre, qui est apprêtée spécialement pour servir de support à l’écriture. Le parchemin est important car « il était symbole de prestige, témoin de l’organisation sociale et politique, transmission du savoir et outil de conservation » a indiqué Aurélie Artizzu. Succédant au papyrus, le parchemin a ensuite été remplacé par le papier.
Du veau au mouton
La conférencière a ensuite présenté le résultat de ses recherches à partir de 209 parchemins entreposés dans l’abbaye de Morimond. Celles-ci montrent l’évolution du parchemin traditionnellement considéré comme un simple support d’écriture, révélant une facette archéologique étonnante en tant que matériau animal. Ces analyses scientifiques ont livré des informations précieuses sur les espèces animales utilisées pour sa fabrication, de la peau de veau à celle de mouton, pour l’utilisation du parchemin au XIIIe siècle. « Cette transition est due à sa présence à plusieurs foires de Champagne, un élevage de mouton très répandu et une forte rentabilité. »
La prochaine conférence du jeudi aura lieu, au Théâtre, le jeudi 11 janvier, à 18 h 30.
De notre correspondant Pierre-Olivier Legrand