Plan d’abattage des arbres : manifestation et mise au point de Nicolas Lacroix
A l’appel de l’association Belles forêts sur Marne, les amoureux de la nature se sont retrouvés, ce vendredi 16 février au matin, devant l’hôtel de Département, pour manifester contre le plan d’abattage des arbres de Nicolas Lacroix.
Ils sont contrariés et sont venus le faire savoir. Depuis l’annonce du président du Département, Nicolas Lacroix, ce 8 février, les opposants au plan d’abattage des arbres des bords de routes départementales se sont structurés. Dès le lendemain, ils se sont retrouvés sous la bannière d’un groupe Facebook créé par Théo Caviezel baptisé « Les arbres des routes en Haute-Marne ».
Naturalistes et amoureux de la nature y sont très actifs. A l’appel de Belles forêts sur Marne, une manifestation s’est tenue devant l’hôtel de Département, à Chaumont, ce 16 février. Dès 9 h, une cinquantaine de défenseurs des arbres et de la biodiversité se sont retrouvés pour faire entendre leur opposition à ce qu’ils considèrent comme un massacre.
Représentants de Nature Haute-Marne, de Belles forêts, de la Ligue de protection des oiseaux, de Ciel et des retraités CGT étaient réunis ce vendredi matin pour défendre « des paysages attractifs » comme ils le réclamaient sur leurs pancartes.
Les manifestants n’ont pas été reçus
Les manifestants demandaient à ce que leurs représentants soient reçus par Nicolas Lacroix, mais ce dernier a refusé, se justifiant « d’avoir tous les experts sous la main » dans ses services.
La presse était conviée à une conférence de presse donnée par le président du Département, à 9 h 30. Les journalistes nationaux attendus par les organisateurs de la mobilisation n’étaient pas présents. La faute à la grève des trains selon certains, puisqu’il n’y avait aucun train depuis Paris ce matin-là.
Certains se sont également questionnés sur l’absence de Théo Caviezel, créateur du groupe Facebook de défense des arbres. Contacté par la rédaction, ce dernier s’en est expliqué : « Pour moi, c’est aux associations de faire le boulot maintenant. Je ne suis qu’un citoyen. Pour moi il y a les faits et la loi et j’ai réagi avec le cœur. »
Sylvie C. Staniszewski
s.chapron@jhm.fr
La mise au point de Nicolas Lacroix
Le président du Département a convié la presse pour une mise au point sur le plan d’abattage des arbres annoncé une semaine plus tôt.
Après une semaine d’agitation médiatique – locale et nationale – faisant suite à l’annonce d’un plan massif d’abattage des arbres des bords de routes, le président du Conseil départemental a souhaité faire « une mise au point », ce vendredi 16 février au matin.
Le nombre des 4 000 arbres évoqués dans un premier temps a fait bondir les défenseurs de la nature. « Ce n’est pas une reculade car ce n’est pas ma façon de faire, mais je veux expliquer les choses », commençait Nicolas Lacroix. « Il y avait peut-être, pour certains, une forme de violence quand j’ai fait cette annonce. J’ai adopté le ton de la prévention routière qui peut être choquant aussi. Jeudi 8 février, j’ai évoqué un plan d’abattage avec 4 000 arbres concernés. (…) Les agents ont été les premiers à réagir et à considérer que c’est une bonne décision. »
735 arbres passés au crible
Au cours de la semaine écoulée, le plan s’est précisé, sans doute plus rapidement que prévu du fait de l’ampleur prise par le sujet. « Il y a 4 000 arbres sur ce réseau des Départementales. La zone de sécurité est de 4 m pour les voitures. Il faut aussi tenir compte de la « zone de récupération » qui est de 2 m et qui permet aux automobilistes de « se rattraper ». Nos efforts, les études, vont être fléchés sur cette zone. Sur certaines zones, on a seulement 1 m et on a un arbre ! »
D’après les comptes faits par les agents, ce sont 735 arbres qui vont être diagnostiqués « et pas forcément coupés », ajoute Nicolas Lacroix. Il a rappelé être soumis au code de l’environnement et en être pleinement conscient : « On ne fait pas ce qu’on veut, il faut un diagnostic – il sera fait par l’ONF -, un accord de la DDT et prévoir des mesures de compensation. »
Nicolas Lacroix indiquait au passage que de nombreux arbres sont malades, « comme les frênes que tous les maires sont obligés de couper ». Parmi les arbres menacés, figurent également ceux en bonne santé qui déforment les routes ou ne laissent pas de marge de manœuvre aux conducteurs. « Parfois, on n’a même pas la largeur d’un rétroviseur à cause d’un arbre ! »
Quelles compensations ?
« Ce sont ces arbres : malades ou avec lesquels il y a un risque, qui seront abattus », résumait Nicolas Lacroix. Il s’en justifie en rappelant qu’il est le garant de la sécurité routière sur le réseau structurant.
Les arbres sains, en ligne droite, ne seraient pas menacés. « Depuis 2018, nous avons planté 11 km de haies, réalisé 13 000 m2 de bandes enherbées et planté 1 500 arbres. De manière générale, on replante des arbres chaque fois qu’on peut le faire, au-delà des 4 m », conclut Nicolas Lacroix.
Romaric Leconte « en colère et triste »
Présent ce 16 février, devant l’Hôtel de Département, Romaric Leconte a souhaité réagir à titre personnel.
« Je suis en colère. En colère et triste. Nicolas Lacroix s’entête à ne voir l’arbre que comme une gêne, un intrus qui n’a rien à faire le long des routes. Avec ses déclarations lors de sa conférence de presse, il signe la fin des arbres de bords de route, et décide, seul, de modifier les paysages haut-marnais. (…)
Habitants de Haute-Marne, prenez des photos de ce que ne sera bientôt plus que des souvenirs. (…)
Rassurez-vous, tout ne sera pas abattu d’un coup. Mais sans volonté de voir l’arbre « routier » comme un atout pour le Département, et sans volonté d’en replanter, nos arbres disparaîtront, un par un, et ce paysage ne sera plus. Nous passerons des grandes cultures aux forêts, sans transition.
Et je suis en colère parce qu’au-delà de cette décision, associations et citoyens ne sont pas considérés, et ce malgré une mobilisation de masse (en cinq jours, plus de 4 000 signataires de la pétition demandant un plan de sauvegarde et de reconquête). Que Nicolas Lacroix juge que ses services sont compétents, nous ne le remettons pas en cause. Mais est-ce que cela justifie de ne pas recevoir les associations pour échanger sur ce sujet ? Est-ce que cela empêche de travailler avec d’autres, avec des personnes qui souhaitent contribuer à la préservation d’un bien commun et de leur cadre de vie ? C’est incompréhensible.
Il faut maintenant que la colère s’apaise pour penser à la suite… »