Les mystères des églises éthiopiennes de Lalibela
Jeudi soir, à l’Espace coeur de ville, le cycle des conférences du jeudi a abordé un pan de l’histoire assez méconnu : celui des églises rupestres en Ethiopie, sur le site de Lalibela. Dans cette ville de 20 000 habitants, située à 2 600 m d’altitude dans une région montagneuse, à 645 km d’Addis-Abeba, onze églises médiévales monolithiques ont été creusées dans la roche. Leur construction est attribuée au roi Lalibela qui, au XIIe siècle, entreprit de construire une « Nouvelle Jérusalem », comme l’indique l’Unesco.
Marie-Laure Derat, directrice de recherche au CNRS, qui travaille sur le site depuis 2009, a mené la conférence devant un public très intéressé. Beaucoup de détails techniques sur les fouilles ont été fournis, étant donné qu’il s’avère encore difficile de connaître la vie passée des habitants de Lalibela.
Il a ainsi été établi que la roche est issue d’un ancien volcan, qui n’a pas été localisé. Cette roche a été creusée à certains endroits, « là où se trouvent des scories basaltiques, qui deviennent souples quand ils sont exposés à l’eau et durcissent au soleil ». Ce site n’aurait pas cessé de changer, « on a relevé des restes de pilier, des effondrements très anciens ». Des portes ou fenêtres qui donnent sur le vide révèlent qu’à un certain moment, des escaliers ont été présents et que donc l’architecture a évolué.
Les déblais, provenant du creusement, sont riches d’enseignement, selon la chercheuse. « Nous avons trouvé des os qui prouvent la consommation de viande, de la céramique, qui atteste d’un usage domestiques mais on ne connaît rien sur l’habitat ancien en Ethiopie ». En effet, les constructions en bois disparaissent au fil des ans.
Depuis 2017, les fouilles sont en oeuvre afin de mieux comprendre ce passé. Hélas, la guerre qui a repris a stoppé les travaux. Il semblerait toutefois que le site est protégé, les protagonistes des combats s’étant mis d’accord sur sa préservation.
M.-H. D.