Les métiers du funéraire, une voie d’avenir
Aujourd’hui tous les secteurs recrutent à Chaumont, même certains réputés lugubres. Consciente des freins qui peuvent exister pour exercer dans les métiers du funéraire, la Mission locale a organisé une réunion d’information sur le sujet ce mardi 25 janvier.
Pour faire face à tous les préjugés de ce domaine professionnel mais aussi pour répondre à toutes les questions du public, la Mission locale de Chaumont a organisé une réunion d’informations sur les métiers du funéraire ce mardi 25 janvier. Pour présenter les différents emplois possibles, Adeline Bichotte, responsable d’agence aux établissements Guérin (groupe OGF), était l’invitée de la structure. Elle a pu s’exprimer devant une bonne trentaine de personnes, jeunes suivis par la Mission locale mais aussi adultes en quête de réinsertion. Car ce secteur recrute régulièrement et à tous les postes.
Empathie demandée
Au fil de l’après-midi, où se sont enchaînées présentation vidéo et intervention d’Adeline Bichotte ou de Karine Riner, de l’Espace métiers, toutes les représentations de ces métiers ont été démenties. « Je ne considère pas mon emploi comme triste. Dans les faits, les familles que je reçois ne pleurent que très rarement par exemple », explique la professionnelle. Aujourd’hui responsable d’agence, elle a d’abord et longtemps été conseillère funéraire. Un métier où il faut accueillir, rassurer et guider les familles jusqu’aux obsèques.
Compassion, empathie, bonne présentation et rigueur sont les qualités requises pour exercer. Le conseiller funéraire est aussi et surtout là pour accompagner les personnes endeuillées en leur proposant du sur-mesure, aussi bien au niveau des cérémonies que des budgets. «Il faut créer la confiance avec eux. On ne laissera jamais partir une famille sans avoir trouvé de solutions», conclut-elle. Il ne faut pas oublier non plus que ce métier demande une grande partie administrative.
Côtoyer les défunts
Et, même en tant que conseiller, le professionnel côtoie des défunts quotidiennement. «Si vous en avez peur, ce ne sont pas des métiers faits pour vous», a tout de suite expliqué Adeline Bichotte. Conseiller funéraire, c’est aussi la voie qu’a souhaité emprunter Ophélie, suivie à la Mission locale.
Elle aussi est venue témoigner de sa petite expérience. Après un stage en immersion à Bar-sur-Aube qui a confirmé son choix de métier, notamment grâce à l’accueil de trois familles, elle a suivi une formation de trois mois, avec un mois de stage, à Dijon, payée en partie grâce à son compte personnel de formation (CPF). «On fait des jeux de rôles, on apprend les différentes étapes du deuil… C’est passionnant mais il faut avoir une vie à côté pour prendre de la distance et se protéger de ce qu’on voit tous les jours», explique la jeune femme.
«On a quand même le droit de s’attacher à une famille. On ne peut pas mettre de barrières pour tout», a tempéré Adeline Bichotte. «C’est un métier. On ne vend pas qu’un cercueil.» D’autres emplois funéraires sont moins commerciaux mais répondent aussi à une attente des pompes funèbres : porteur, marbrier funéraire, graveur, thanatopracteur et même maître de cérémonie dans les grandes villes. Dans les petites, comme en Haute-Marne, le conseiller funéraire remplit ce rôle. Les deux premiers, porteur et marbrier, recrutent régulièrement, sans diplôme sauf le permis, dans le centre du département.
Un porteur est quelqu’un de manuel, qui doit porter des charges lourdes, sachant qu’un cercueil vide pèse déjà au minimum 60 kg. «Il ne peut pas être exercé par une femme à cause de la législation du travail qui ne lui permet pas de porter plus de 25 kilos», précise Adeline Bichotte suite à une question. Pour les marbriers aussi, la formation se fait directement sur le terrain et les ouvriers travaillent dehors toute l’année, avec du matériel pour les aider, notamment à creuser une sépulture. Tous ont devoir de discrétion envers les familles.
Laura Spaeter
l.spaeter@jhm.fr
Nouvelles mœurs
Les métiers du funéraire s’adaptent aux mœurs. Depuis quelques années, les crémations prennent une place de plus en plus importante. Actuellement, aux établissement Guérin, ils représentent 30% des moyens de sépulture alors qu’il n’y a pas de crématorium à proximité. « A Troyes où tout peut se faire sur place, on est plus proche des 50% », explique Adeline Bichotte.
Avec l’apparition dans le paysage du funéraire du crématorium de Nogent, dont la construction devrait être finie d’ici deux ans, les professionnels pensent que la crémation va être encore davantage demandée. Les métiers s’adaptent à ces nouvelles mœurs avec les agents de crématorium, une profession créée spécialement pour ce type d’endroits. Dans les cimetières aussi, les colombariums et les jardins du souvenir se font plus nombreux, même dans les petites communes. Enfin, les conseillers funéraires, également maîtres de cérémonie, ont appris à mener une cérémonie civile, de plus en plus sollicitée par les familles.