Les mesures de carte scolaire font réagir élus et syndicats
Les mesures de carte scolaire annoncées ce mardi 14 mars font réagir élus et syndicats, qui oscillent entre incompréhension et colère.
Ageville : le maire « ne comprend pas »
Suite à l’annonce de la suppression de la seule classe d’Ageville, son maire Guy Urschel a exprimé sa colère lors de la séance du conseil de l’agglomération de Chaumont, mardi 14 mars. En pointant avec autant de vigueur la manière dont la décision avait été prise, et en cherchant toujours sa justification.
« Il y a eu une rencontre, mais ce n’était pas une concertation ». Voilà ce que le maire d’Ageville Guy Urschel a retenu de ses échanges avec l’inspecteur d’académie Michel Fonné, a-t-il indiqué dans sa prise de parole en conseil d’agglomération mardi. En s’appliquant à être bien entendu. Aussi, le premier magistrat est revenu sur les mots qu’il avait précisément retenus. « C’est la règle de trois qui compte ». L’Education nationale aurait ainsi fondé sa décision de supprimer l’unique classe de 22 élèves – un effectif stable en outre, a glissé Guy Urschel – sur des critères comptables indépendants de la vie réelle d’un village. « Je ne comprend pas ». Procès en déconnection qui faisait écho au reproche qu’avait émis plus tôt le président de l’agglomération Stéphane Martinelli : « on m’a demandé mon avis sur le site à fermer et je ne le donnerai pas. Parce que de toute manière, je suis contre ». Avant d’ajouter qu’il ne serait pas celui qui « tranche entre Ageville et Esnouveaux » et, qui sait, d’entamer la fermeté de son propros. En effet, pour le coup, pas sûr que le rôle de découpeur aille à quiconque, surtout qu’il est indissociable de la responsabilité de la taille à laquelle on s’est livré.
F. A.
Villiers-en-Lieu : le maire s’interroge
Menacée par une fermeture de classe, l’école de Villiers-en-Lieu peut souffler. Toutefois, le maire Eric Bonnemains s’interroge sur le devenir des écoles de villages.
« Les menaces de fermeture de classes se multiplient sur notre territoire. C’est un vrai cauchemar tous les ans d’attendre cette décision venue des services de l’éducation nationale. Si sur Villiers-en-Lieu, une nouvelle fermeture de classe était annoncée, nous avons su trouver une formule pour l’éviter. Elle est le fruit d’un travail de plusieurs mois, et je tiens à remercier les services de l’Education nationale pour leur accompagnement.
Il nous faut trouver de nouveaux modèles pour nos écoles. Je comprends aisément l’attachement à leurs écoles des élus locaux, je ressens la même chose, et mon énergie pour la préserver est entière et intacte. Cependant, dans notre département, nous parlons aujourd’hui de fermeture de classe, demain nous entendrons parler de fermeture d’école, ici ou là.
Notre territoire, et ceci même si nous avons endiguer la baisse démographique, n’aura plus autant d’enfants que dans les années passées. Il nous faut l’accepter. Il faut donc que les élus locaux se penchent, sans a priori ni frein, sur le devenir de l’école. Pas de leurs écoles, mais bien de l’école au sens large. Le seul maitre étalon que nous devons avoir, c’est le bien-être de nos enfants.
Demain, faut-il des regroupements plus importants, mais plus intelligents d’école ? Est-ce bien d’injecter tous, dans chaque ville et village, de l’argent public pour rénover, équiper, faire fonctionner une école, dont on sait qu’elle sera au mieux, menacée dans les 5-10 ans à venir ? Ou faut-il, d’ores et déjà, se pencher sur ce que nous pouvons faire, en bonne intelligence, et dans l’intérêt des enfants ? En clair, pourrait on rationaliser les coûts et améliorer l’efficacité de l’éducation ?
La qualité de notre enseignement passe par la mise en place d’une nouvelle formule, promise par l’Etat depuis si longtemps. » L’édile conclut son propos en apportant son soutien à ses collègues qui se battent « contre une logique parfois purement mathématique ».
FO s’insurge contre les suppressions de postes
Force ouvrière, soutenu par les fédérations de parents d’élèves de la FCPE et de la PEEP, s’insurge contre les suppressions de postes et de classes décidées, mardi 14 juin, à l’occasion du Conseil départemental de l’Education nationale (CDEN).
« Force ouvrière, les fédérations de parents d’élèves de la FCPE et de la PEEP, ont proposé aux autres membres, après lecture de leur déclaration, de quitter le CDEN (Conseil départemental de l’Education nationale) en signe d’opposition aux suppressions de poste et à la façon dont nos élus et l’administration se comportent. Par ce geste symbolique, nos organisations souhaitent montrer leur opposition aux politiques actuelles et aux mépris des citoyens par nos élus. Un président qui reste sourd aux millions de personnes dans la rue, des décisions prises d’un pouvoir central ignorant même l’existence de nos départements ruraux.
Non, Paris n’est pas la France. Un ministre qui propose une royale hausse des primes de 10 % pour 20 % de temps de travail supplémentaire, comme les 5 € d’aumône pour les médecins s’ils acceptent plus de patients… Nos journées ne font que 24 heures. FO, la FCPE et la PEEP dénoncent des consultations inutiles puisque les décisions sont prises unilatéralement et ni les parents ni les enseignants ne sont écoutés. D’ailleurs, les votes ne sont que consultatifs…
Si on est contre, l’administration supprimera tout de même au minimum quinze postes dans le premier degré. La FCPE, la PEEP et FO constatent aussi l’hypocrisie de nos élus locaux qui, au gré des années votent des constructions d’école mais maintiennent coûte que coûte des écoles sans élève et sans tenir compte des conditions de travail de nos enfants et de nos collègues. L’ensemble de nos élus donne le sentiment de courir après les mandats et les indemnités sans se soucier de l’intérêt général.
La démocratie est en berne avec de moins en moins de participation et des élus qui n’écoutent pas le peuple et ne se rendent pas compte qu’ils sont souvent élus non pas pour leur programme mais par défaut, n’est-ce pas M. Macron…. L’Éducation nationale, ainsi que notre département, a besoin de plus de personnels et de personnels compétents : médecins scolaire, infirmiers, psychologues, assistants sociaux et AESH avec un vrai statut. Il faut pouvoir prendre en charge l’hétérogénéité de nos élèves et les accompagner le mieux possible. Nos écoles, collèges et lycées ont besoin d’équipes stables avec des personnels sous statut et pas des contractuels qui arrivent souvent sans formation et qui n’ont aucune vision sur leur avenir et ne peuvent donc s’engager dans des projets. »
SE-UNSA : « une planification (…) afin de permettre une réelle réflexion »
Le syndicat scolaire SE-UNSA réagit à la carte scolaire décidée en Conseil départemental de l’Education nationale (CDEN) mardi 14 mars, relayée dans nos colonnes du lendemain, prévoyant la suppression d’une vingtaine de postes. En les déplorant mais en reconnaissant également une véritable capacité d’écoute à Michel Fonné, directeur académique des services de l’Education nationale (Dasen).
« Le CDEN du 14 mars au matin a marqué la dernière étape de travail sur la carte scolaire 2023. Les réunions internes à l’Education nationale (groupe de travail et CSA-SD) tenues ces dernières semaines avaient déjà été des temps d’échanges très fournis et parfois très vifs entre les représentants des personnels et le Dasen. Le CDEN de ce matin a été sur le même modèle. Ce CDEN a été, pour l’UNSA Education, l’occasion d’évoquer certaines problématiques qui touchent notre département : les difficultés de certains territoires à réorganiser leur maillage scolaire, ce qui n’est pas sans incidence pour les voisins et pénalise élèves et personnels de certaines écoles, ou bien la non prise en compte des élèves de moins de 3 ans hors de l’éducation prioritaire.
Ce qui est bon et nécessaire pour les élèves d’éducation prioritaire ne semble pas l’être pour les autres élèves ! Nous avons aussi porté notre opposition à la multiplication de postes hors des classes pour la mise enplace de dispositifs variés. Le Dasen a entendu cela. Alors, même si, à l’UNSA Education, nous avons voté contre les mesures présentées, en opposition aux quinze emplois à rendre et au trop grand nombre de fermetures de classes que cela occasionne, nous tenons à reconnaître la qualité des échanges et la capacité d’écoute du Dasen qui a su revenir sur plusieurs situations lors de ces différentes réunions.
Pas assez à notre goût, bien sûr, mais la contrainte des quinze emplois à rendre était intangible. A l’UNSA Education, nous continuerons de demander une planification, à au-moins trois ans, du nombre d’emplois sur un territoire afin de permettre une réelle réflexion entre les différents partenaires concernés et un travail dans l’intérêt de tous : élèves, personnels, collectivités et habitants. Il n’y a qu’à ce prix que s’arrêteront les cartes scolaires « couperets », souvent aussi incompréhensibles et incomprises que la réforme des retraites proposée aujourd’hui ! ».
Carte scolaire : le PCF fustige le gouvernement et Saint-Dizier
Le PCF 52 a réagi à la nouvelle carte scolaire dans un communiqué dont voici des extraits.
« Pour la Haute-Marne, c’est une quinzaine de fermeture de classe de programmée ainsi qu’une école, déplorent les communistes. Cela s’inscrit dans les projets politiques [d’Emmanuel] Macron qui souhaite appauvrir intellectuellement la population française. Il baisse le budget dans l’Education tout en proposant son projet de service militaire pour embrigader la jeunesse et lui dire quoi penser. La jeunesse ne doit pas tomber dans ce piège et doit se mobiliser contre les tentatives de ruiner son avenir ! (…) La plupart des maires des petits villages ont essayé de défendre autant que faire se peut leurs écoles. Mais il y a des maires et des présidents d’agglomération qui ont jeté les enseignants et les familles de leurs communes en pâture, faisant passer en premier l’intérêt financier (…) C’est notamment le cas de la Ville de Saint-Dizier qui a, non seulement, proposé des groupes scolaires (Gambetta, Langevin-Wallon…) pour la fermeture d’une classe, mais aussi, le maire a ignoré les parents d’élèves lorsque ceux-ci sont venus défendre leur école lors de l’inauguration des Halles. Un comportement honteux et méprisant ! (…) »
Dans plusieurs villages, ces fermetures de classes signifient « de monter dans le bus à 7 h et de rentrer à 18 h. C’est indigne d’un service public (…) Le PCF exige la non-fermeture de classes afin d’améliorer les conditions d’enseignement. Nous demandons une loi qui empêcherait la fermeture de classes et écoles lorsqu’elles entraînent un déplacement trop important des enfants. »