Les manies de Rafael Nadal
Il y a ceux qui changent de maillot, de bandana, à chaque set, il y en a d’autres qui mettent tout le temps une casquette à l’envers, où qui tapent sans cesse leurs chaussures pour faire tomber la terre battue. Alors, superstition ? Manies, tiques, tocs ? Sans doute un peu de tout cela.
S’il y a bien un joueur qui, sur le circuit professionnel, sort du lot, c’est bien le N°2 mondial, Rafael Nadal. C’est un spectacle à lui tout seul et pas seulement raquette en main. Cela commence dès son entrée sur le court. Il a deux sacs, un avec ses raquettes, qu’il pose à côté de lui sur la chaise, l’autre, avec ses affaires personnelles, qu’il dépose par terre, selon un protocole très précis. Avant cela, il installe soigneusement une serviette sur la terre battue ! Une fois le haut de survêtement enlevé, il sort deux bou- teilles qu’il installe juste devant sa chaise. Elles sont bien parallèles et vu le temps qu’il met pour les mettre en place, elles doivent être à une distance bien précise l’une de l’autre…
Avant d’aller s’échauffer et à chaque fois qu’il revient vers sa chaise pour le changement de côté, il boit une gorgée dans chaque bouteille, en commen- çant par celle de gauche. Si, si, on a vérifié !
Mais ce qui peut surprendre, voire énerver lorsqu’on est de l’autre côté du filet, ce sont les gestes qu’il répète inlassablement avant chaque service. Il demande trois balles, en rend une, en met une autre dans sa poche droite et tape la troisième au sol entre huit et dix fois avec sa raquette et entre trois et cinq fois sans. Si, si, on a compté ! Mais ce n’est pas terminé. Avant de servir, il tire l’arrière de son short, se touche l’épaule gauche, puis la droite, passe sa main derrière son oreille gauche, se touche le nez et passe sa main derrière son oreille droite, non sans avoir remis en place son bandeau. Et pendant tout ce temps, son adversaire attend !
Sur le service de son adversaire, les rituels sont les mêmes, mais ils sont beaucoup plus rapides, le joueur mettant en effet moins de temps que lui pour sa mise en jeu…
Pas de rituel avec les chaussures
Et la serviette ? Sur sa chaise, il l’installe sur ses genoux, puis il la donne à un ramasseur de balle. Quand il la demande, il essuie en premier son bras gauche, puis son visage, et termine par le bras droit. Paradoxalement, il ne va pas régulièrement l’utiliser. Généralement, il la veut lorsqu’il perd un point ou lorsqu’il estime qu’il faut casser le rythme de l’adversaire. Mais comme c’est souvent lui qui impose la cadence… Contrairement au Tchèque Ivan Lendl qui, dans les années 80, tapait systématiquement ses chaussures pour faire tomber la terre battue, Rafael Nadal ne fait pas une fixation sur ses chaussures. Il a déjà tellement de choses à faire ! Le match est bouclé en trois petits sets, “Rafa” peut enlever son bandana, secouer la tête dans tous les sens pour remettre ses cheveux en place, saluer le public, refaire ses lacets, ranger tranquillement ses affaires, remettre son haut de survêtement, signer quelques autographes et quitter le court central. Le show Nadal est terminé pour aujourd’hui !
Yves Tainturier