Congrès de l’association des maires : les élus vident leur sac
Le congrès de l’Association des maires de France (AMF 52) s’est tenu à Nogent ce 7 octobre. Les élus ont partagé leurs inquiétudes et revendications : lourdeurs et lenteurs administratives, nombreuses agressions, complexité des procédures… Les revendications n’ont pas manqué pour cette séance qui était aussi la dernière présidée par Anne-Marie Nédélec.
Dans l’entretien accordé à jhm quotidien le 6 octobre et publié dans nos colonnes le 7 octobre, Anne-Marie Nédélec n’y allait pas par quatre chemins pour dénoncer les tracasseries et lourdeurs administratives que subissent les maires. Lesquels se sentent en outre de plus en plus dépossédés de leurs pouvoirs. La compétence eau est en effet sur le point de revenir aux structures intercommunales. Sans oublier la violence comme les menaces qui montent à leur encontre, comme ils ont été plusieurs à s’en faire l’écho lors du congrès. Jean-Marc Fèvre pointait notamment du doigt une situation délicate concernant la location de la salle des fêtes à laquelle il doit faire face.
Bref, Anne-Marie Nédélec n’avait pas fait mystère de l’état d’esprit des maires haut-marnais qu’elle a eu l’occasion de rencontrer et sonder lors de la récente campagne pour les sénatoriales. Ils sont un certain nombre à en avoir ras la casquette. En attestent d’ailleurs les interventions de ceux-ci pour poser des questions ou faire état de désagréments rencontrés.
Dans le vif du sujet
En guise de préambule au congrès, l’AMF 52 s’est attachée la collaboration d’une Compagnie langroise qui a proposé une pièce sur les formalités administratives qui peuvent se révéler aussi nombreuses que ridicules. Une pastille très drôle, si ce n’est pour les membres de l’administration qui n’ont toutefois pu s’empêcher de sourire, parfois jaune.
Voyez donc : un employé de mairie devant déplacer un pupitre qui doit avoir recours au maire. Lequel s’adresse à la directrice de la Communauté de commune réclamant un formulaire CERFA puis se tourne vers la préfecture de région. Une affaire heureusement solutionnée grâce à un coup de fil à « Manu », autorité suprême, défavorable au déplacement du pupitre ! Les maires, eux, ont ri de bon cœur.
Des propos détaillés, argumentés et illustrés par Anne-Marie Nédélec, présidente de l’AMF 52, qui s’apprête à passer la main. « Nous voulons retrouver le pouvoir d’agir pour mieux servir les administrés. Nous sommes des élus et nous ne voulons pas être des exécutants de l’administration », martelait la représentante des maires. Et de reprendre de plus belle : « Les élus ne sont pas des criminels parce qu’ils ont coupé une haie trop court ou désherbé l’allée d’un cimetière ! »
Les convives : sénateurs, députés, préfète, président de Région, président honoraire de l’AMF 52 et représentant du bureau exécutif de l’AMF ont tous apporté des éléments de réponse ou soulevé des questions, comme les responsables d’entités administratives ou maires dans la salle.
Sylvie C. Staniszewski
s.chapron@jhm.fr
Langres perdra-t-elle son sous-préfet ?
Fraîchement arrivée, la préfète, Régine Pam, participait à son premier congrès de l’AMF. « On m’avait prévenue, je n’ai pas été déçue », adressait-elle aux 500 convives. « Je suis aujourd’hui accompagnée d’un seul sous-préfet, pour l’arrondissement de Saint-Dizier. Nous aurons bientôt un Secrétaire général. En revanche, je partage mon inquiétude s’agissant de Langres… »
Elle sous-entend ainsi qu’il n’y a pas de sous-préfet attendu à court terme… Voire même peut-être pas du tout à plus longue échéance. A suivre.
Salon Agora : la ruche des partenaires
Une fois le congrès achevé, les convives se sont dirigés vers la salle accueillant Agora 52 : le forum permettant aux élus de rencontrer les partenaires des collectivités. Un bon moyen pour les représentants de ces dernières de trouver toutes les réponses aux questions qu’ils se posent ou faire connaissance avec des interlocuteurs potentiels. Une joyeuse ruche où des numéros de téléphone et adresses mail se sont échangés.
Ils ont dit
Morceaux choisis des interventions en cours de congrès.
La préfète, Régine Pam. A la question d’Anne-Marie Nédélec, demandant « si des rapports simplifiés avec l’administration seraient envisageables ainsi qu’une plus grande compréhension », voici la réponse de la représentante de l’Etat : « Devant 500 témoins, qu’est-ce que je peux vous répondre ? » Une remarque adressée avec le sourire et suivie d’un hommage aux représentants des administrations présents. Récemment entrée en poste, elle dit avoir établi « un début de feuille de route » et souhaite « trouver des lieux d’échange » pour évoquer de tels sujets. Elle a conclu en indiquant que la simplification est également un objectif pour l’administration.
Franck Leroy, président de Région. Il a volé au secours des agents et plus globalement des services administratifs incriminés au sens large. « L’Etat se doit de définir des règles ». S’agissant des soucis avec les architectes des bâtiments de France soulevés à plusieurs reprises, il esquisse une proposition de solution : « Dans la Marne, j’ai demandé une clarification à l’ABF ». Il préconise ainsi une réunion entre ce garant de l’architecture et du patrimoine et les élus haut-marnais pour définir des règles claires dans le département.
Plus tard dans la matinée, il a évoqué un test à venir pour un système de train plus économique – diminuant les coûts d’exploitation par cinq – qui pourrait permettre de relancer des lignes locales fermées depuis 30 ans. Un modèle va être testé en Grand Est. De quoi redonner le sourire au maire de Bricon qui avait posé une question sur le renouveau des transports en commun ruraux et des petites gares de village.
Bruno Sido, sénateur. Il est revenu sur le courrier adressé aux maires, réclamant un lourd travail au sujet des questions de transition énergétique, à boucler pour le 1er décembre. « La France a du retard pour la transition énergétique et elle s’est fait taper sur les doigts par Bruxelles. Le délai est trop court et vous êtes nombreux à avoir prévu un classement vertical ! »
Il évoquait à son tour la question des ABF, révélant que ceux-ci avaient failli être supprimés. « Ce qu’il va falloir faire, c’est encadrer leur travail. Aujourd’hui, ils donnent un avis sur tout, même sur ce qui n’est pas classé. » Il a illustré son propos d’une anecdote venant de Saint-Blin où un projet avait été bloqué « en raison d’une croix classée qui n’existe plus ».
Laurence Robert-Dehault, députée. Elle a réagi sur les questions relatives à l’insécurité ressentie par les élus. « J’ai rencontré des maires qui craignent pour leur sécurité. Idem pour les arbitres de foot puisqu’il m’est arrivé d’aller à des assemblées générales de clubs. »
La députée a également relayé un souhait formulé par des maires « qui aimeraient que le congrès se tienne dans le nord haut-marnais ». La réponse est venue de Quentin Brière, installé aux premières loges, qui accepte volontiers de recevoir l’AMF 52 à Saint-Dizier.
Christophe Bentz, député. Après un tacle adressé à Quentin Brière auquel il a reproché de ne pas l’avoir salué (et s’être fait huer par la salle pour cette remarque), le député est revenu sur le transfert de la compétence eau aux communautés de communes. « C’est une aberration. Car là, elle est bien gérée et cela coûtera plus cher ! » Il a aussi fait part de son rejet des éoliennes. « Elles sont ravageuses et j’aimerais que l’on travaille sur d’autres énergies. » Là aussi, il y a eu quelques sifflets dans la salle.
Alain Chrétien, élu au bureau national de l’AMF. Dynamique, il s’est adressé aux maires présents. « Vous avez un mandat difficile : le Covid, les énergies renouvelables, la guerre en Ukraine, la hausse des taux d’intérêt et les incivilités : vos inquiétudes sont légitimes. Mais non, vous n’êtes pas seuls ! »