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Les maires en première ligne


Le congrès national des maires est annulé. Mais l’Association des maires de France (AMF) continue ses échanges et ses travaux. En Haute-Marne, le JHM prend la température avec Anne-Marie Nédélec, présidente. Interview.

Le Journal de la Haute-Marne : Comment, dans cette période de confinement, réussissez-vous à garder le lien avec les maires ?

Anne-Marie Nédélec : On le garde plus que jamais ! On a battu cette année tous les records de questions-réponses, conseils, informations donnés à nos élus par l’Association des maires. En général, on a autour de 700 dossiers à traiter dans l’année. Là, l’année n’est pas finie mais nous en aurons au moins le double, plus de 1 400 sollicitations. Nous sommes beaucoup plus en contact avec les nouveaux maires que nous ne l’aurions été dans une année normale. Toutes nos réunions de formation, d’information ont été bousculées. Les maires se sont donc directement adressés à l’Association. On a pu néanmoins profiter d’une petite fenêtre de tir en septembre ou octobre où nous avons pu organiser des rencontres, notamment des sessions de formation qui ont visiblement eu un très bon écho. Mélanie Menet (la directrice de l’AMF 52) et son équipe ont réussi à produire des documents extrêmement concrets et simples qui ont beaucoup aidé les nouveaux élus.

Le JHM : Comment vont les maires, notamment les nouveaux ? Dans quel état d’esprit sont-ils ?

A-M. N. : Les nouveaux maires sont, il me semble, pleins d’énergie, pleins de bonne volonté. Ils n’ont peut-être pas encore pris toute la mesure des responsabilités qui pèsent sur leurs épaules même s’ils en ont déjà une bonne idée. Les maires ont été hyperactifs et très réactifs par rapport à la situation que nous connaissons. Ils sont en première ligne depuis le début. Il n’y a pas beaucoup de communes avec des services très étoffés. C’est à eux qu’incombe en direct le respect de toutes les consignes qui sont données. C’est aussi à eux que reviennent la surveillance et la protection des populations à risque. Nous avions déjà été confrontés à cela avec les plans canicule etc. Mais là, c’est d’une autre ampleur avec d’autres conséquences. Ils sont aussi en première ligne car ils voient bien que le risque de paupérisation, que les craintes sur des fermetures de commerce sont là. Il y aura forcément plus de situations difficiles à gérer et sans doute moins d’attractivité qu’avant.

Le JHM : Malgré tout ça, ils tiennent le choc ?

A-M. N. : Oui ! Ils avancent ! Ils ne sont pas abattus mais il peut y avoir un certain malaise par le manque de visibilité. Il y a beaucoup d’incertitudes, il y en a eu sur leur installation, sur les mesures qui sont prises d’une semaine à l’autre etc. Et il y aura aussi, c’est en train de se discuter, des incertitudes sur la situation financière. Il risque d’y avoir des réveils un peu douloureux. On craint une diminution plus ou moins marquée des ressources des collectivités et puis une perte d’autonomie financière. On est sans doute moins agrippés ici à la fiscalité locale que dans des territoires qui sont en plein développement, mais, d’une certaine façon, l’autonomie diminue. On a bien compris que le plan de relance allait puiser dans les ressources de la fiscalité professionnelle. Globalement, pour les communes, pour les EPCI, cela signifie moins de ressources.

Le JHM : Les communes, les EPCI vont-ils devoir renoncer à des projets ?

A-M. N. : Il va falloir faire les comptes entre les dépenses en moins (pas de feu d’artifice par exemple) celles qui se sont ajoutées pour la gestion de la crise et les recettes qu’on a eues en moins comme les locations de salles, les musées etc. Ça va être très variable d’une commune à l’autre. Les collectivités vont être des acteurs majeurs de la relance. Pour l’instant, au titre de l’année 2020, le nombre de dossiers d’investissement n’a pas du tout faibli. Pour l’instant, l’activité est soutenue. Les maires ont été élus sur des programmes, ils ont à cœur de vouloir lancer les choses. À voir pour les mois à venir. C’est d’ailleurs la crainte des professionnels, que les programmes soient revus à la baisse. Les maires sont des gens responsables, ils regarderont leurs budgets.

Déception

La crise a-t-elle remis en exergue le rôle du maire en tant qu’élu de proximité ?

A-M. N. : Oui ! C’est une grande satisfaction mais c’est aussi une grande incompréhension. Je m’explique. Satisfaction car effectivement cette crise, que personne ne souhaitait, a montré l’importance de la cellule commune qui est l’échelon de proximité qui a une grande réactivité pour suivre vraiment les gens qui en ont eu besoin. Quand tout a fermé, il n’y a que la mairie qui est restée ouverte. Ça devrait resserrer les liens entre le maire et les administrés. Alors pourquoi une grande incompréhension ? Pour moi, l’État n’en a pas tiré les leçons qu’il aurait dû en tirer. On a beaucoup parlé de concertation, du couple maire-préfet… Pour moi, c’est une déception car il n’y a pas de concertation malgré tous les efforts, je tiens à le préciser, que fait notre nouveau préfet. Il essaye d’être à l’écoute et de régler des problèmes au cas par cas. Les maires, on leur demande en fait de faire appliquer les règles. Ce n’est pas ça la concertation. L’exemple des petits commerces qui ont été fermés et du 1 km autour de chez soi sont parlants. Ici, vous ne risquez pas de rencontrer grand-monde. Il aurait fallu faire confiance au trio maire-préfet-président du Conseil départemental afin qu’on puisse adapter localement les règles. Là, les gens auraient compris. Lors de la sortie du premier confinement, au moment de la réouverture des écoles, nous avons trouvé localement des solutions efficaces selon la taille des écoles, du matériel à apporter etc. On aurait pu continuer à trouver des solutions locales tout en étant très responsables dans la lutte contre l’épidémie.

Céline Clément

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