Les jongleurs – L’édito de Christophe Bonnefoy
Le dernier Grand Chelem des Français datait de 2010. Une éternité, pour un XV de France qui aura connu un parcours chaotique durant ces douze dernières années. Du bon au moins bon, du plus convaincant au plus décevant, parfois… Mais il ne faut jamais vivre dans le passé. Juste, peut-être, s’en servir pour se bonifier. Ce qu’a largement contribué à faire le sélectionneur, Fabien Galthié. En tout état de cause, bien avant cet ultime match dans le tournoi des Six nations face aux ennemis jurés anglais, nos Bleus avaient réussi leur pari. D’abord avec une victoire impressionnante sur les All Blacks en novembre (40-25), et un quatre sur quatre dans cette édition 2022 du tournoi de rugby le plus prestigieux du monde. Restait à venir poser la cerise sur le gâteau tricolore. Impossible, face à des Anglais qui leur avaient peu réussi ces dernières années ? Largement envisageable, tant le XV français impressionne, toujours un peu plus au fil des mois. Qui plus est au Stade de France, devant un public tout acquis.
C’est fait. Et pas qu’à moitié. Le Grand Chelem était à portée de main, le XV a su le saisir, pour ne rien lâcher de la première à l’ultime seconde. On a vu ce samedi soir des Bleus alternant démonstration de force et savants jonglages. Entre mode rouleau compresseur et légèreté, dans le bon sens du terme. On dira plutôt finesse. On a mesuré, aussi, à quel point nos joueurs possédaient une belle capacité de résistance, devant les assauts anglais en fin de rencontre.
A un an et demi de la coupe du monde – en France ! -, c’est de très bon augure. Bien sûr, d’ici au début de la compétition en septembre 2023, tout peut aller très vite. Tendre vers l’encore meilleur, comme se dégrader inexorablement. Mais tous les espoirs sont permis. Fabien Galthié a su construire, consolider, placer les bons hommes à la bonne place. Gageons qu’à nouveau, il saura faire en sorte que la machine, jamais ne s’enraye.