Les Haut-Marnais de la commune (2) : Louise Michel, naissance d’une légende
C’est pendant son procès que la native de Vroncourt-la-Côte s’est rendue célèbre. Auparavant, c’est davantage par son rôle de combattante sur les barricades que Louise Michel a marqué les esprits durant la Commune de Paris.
Karl Marx ne la cite pas dans son histoire de « la guerre civile ». Pas plus que Charles Virmaître, le premier auteur à s’être penché sur la Commune de Paris. Quant au Journal officiel de la Commune, il ne l’évoque qu’une seule fois, sans la nommer : « Dans les rangs du 61e bataillon combattait une femme énergique, elle a tué plusieurs gendarmes et gardiens de la paix. »
Si aujourd’hui, en Haute-Marne, le nom de Louise Michel (1830-1905) renvoie à la Commune de Paris, la native de Vroncourt-la-Côte, à la différence de Delescluze, de Flourens, du général Cluseret ou d’Elisée Reclus, n’avait alors pas forcément frappé les chroniqueurs et historiens de cette période terrible. C’est plus tard, bien plus tard, que le nom de la « Vierge rouge » deviendra illustre.
Au moment où éclate la guerre de 70, Louise Michel a 40 ans. Elle a quitté sa Haute-Marne natale en 1856 pour exercer le métier d’enseignante dans la capitale. Militante acquise aux idées de Blanqui, elle organise, durant le siège de Paris par les Prussiens, une cantine au profit des habitants affamés.
« Je ne veux pas être défendue »
Durant la Commune, son rôle est surtout celui d’une combattante. C’est ce que retient sa biographe Irma Boyer (“La Vierge rouge”) : servant au sein du 61e bataillon de la garde nationale, « au 18 mars (1871) c’est elle qui la première, à l’attaque de l’ennemi (Ndlr : les troupes du pouvoir exécutif de la République française), donne l’alarme ». Puis, du 2 avril à fin mai, « Louise Michel comme soldat a une vie de lutte ardente », se battant aux Moulineaux, au fort d’Isly, à Clamart, à Montrouge… Premier historien de référence de la Commune, Lissagaray rappellera surtout que cette « institutrice du XVIIe arrondissement » s’est battue le 23 mai 1871 à Montmartre.
S’étant constituée prisonnière pour faire libérer sa mère arrêtée, jugée comme les autres membres de la Commune, elle devait y faire cette déclaration, citée par le même Lissagaray : « Je ne veux pas me défendre, je ne veux pas être défendue. J’appartiens tout entière à la Révolution sociale et je déclare accepter la responsabilité de mes actes. ». La révolutionnaire haut-marnaise l’a également assuré devant ses juges : « Je n’aurais pas hésité à faire tirer moi-même » sur les généraux (“versaillais”). Ce sont ces propos qui frapperont les journalistes et contribueront à forger sa légende, avant d’être déportée en Nouvelle-Calédonie à l’issue d’un séjour en prison à l’abbaye d’Auberive.
L. F.
Illustration : Louise Michel, au retour de Nouvelle-Calédonie.(Collection Bibliothèque nationale de France).