Le restaurant routier les Frouchies, c’est fini
C’est une institution où a été effectué ce vendredi 22 décembre à midi, le tout dernier service. Le restaurant routier les Frouchies, rue Jeanne-d’Arc, ferme définitivement ses portes.
« Ils m’ont fait des éloges les piots, ça me touche… » Les « piots » dont parle Odile Costes, ce sont certains clients fidèles qui n’ont pas manqué de rendre hommage à l’intéressée, via les réseaux sociaux, jeudi 21 décembre au soir, après le service. La gérante des Frouchies, emblématique restaurant routier bragard, baisse définitivement le rideau, après que les dernières tables ont été servies ce vendredi 22 décembre à midi.
Depuis le 15 juin 1987
Ses « p’tits loups » reprend-elle, et toute sa clientèle, c’est une grande partie de sa vie. « J’ai été une mère, une sœur, une grand-mère aussi pour les jeunes de 21 ou 22 ans », poursuit Odile Costes, qui s’habitue doucement, le cœur lourd, à parler au passé. Aux manettes des Frouchies depuis le 15 juin 1987, elle doit s’arrêter de manière assez brutale pour des raisons sur lesquelles elle n’a pas souhaité s’étendre. La réalité semble suffisamment douloureuse pour Odile Costes. La gérante préférait, au moment de notre entretien, évoquer les jolis souvenirs : « J’ai été plusieurs fois dans le top 10 du classement des restaurants routiers de France, plusieurs fois deuxième, une fois première », sourit-elle, documents en mains.
Toujours est-il qu’avec la fermeture de cette institution bragarde, c’est une drôle de fin d’année pour tous les routiers qui s’arrêtaient, midi et soir, sur leur parking dédié de la rue Jeanne-d’Arc, près du pont de contournement de la RD 635.
Les routiers, mais aussi « les chefs d’entreprises de la zone de référence, les boîtes du coin, le Sdis », liste Odile. « Ils sont tous sympas, tous simples. A l’instar des policiers, la nationale comme la municipale, ils sont toujours venus s’assurer que les camions étaient en sécurité, c’est important », insiste la future retraitée.
« J’ai fait passer mes clients avant ma famille »
Les Frouchies, une histoire de famille au sens propre comme au figuré. « Ma maman a toujours été là avec moi, comme ma sœur et mes trois frères. Ma fille aussi m’a bien aidé », confie Odile qui confesse « avoir fait passer mes clients avant ma famille ».
La patronne doit encore passer quelques jours à honorer deux ou trois repas privés puis tout ranger, avec l’aide des trois autres salariés. Avant de baisser le rideau, au sens propre. « Je ne sais vraiment pas comment je vais faire. J’ai mal au cœur, c’est dur. Quand je vais fermer la porte, tout cela va me manquer… J’aimais bien ce monde-là… »
N. F.
n.frise@jhm.fr