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Les forains inquiets de leur devenir face à la crise sanitaire

La profession de forains a été touchée de plein fouet par la crise sanitaire et les mesures qui en découlent. Claire et Elvis Coppier ont travaillé trois mois dans l’année au lieu de neuf. Ils aimeraient connaître leur devenir.
Les forains sont de ceux qui souffrent terriblement de la crise sanitaire et de ses conséquences économiques. Pourtant, il est rarement question d’eux dans les médias à part, comme ils le disent, « chez Jean-Pierre Pernaut ». Claire et Elvis Coppier sont de ceux-là. Actuellement, ils se sont installés durant un mois, place du Champ-de-Mars, pour vendre des sapins. Mais, le reste de l’année, ils vont de ville en ville pour mener leur activité. Ils détiennent un toboggan de 40 mètres racheté au père d’Elvis Coppier tout comme la tournée.

Cette dernière est établie depuis des dizaines d’années et elle rythme la vie de la famille sauf que, cette année, tout s’est arrêté. Le manège qui s’adresse aux familles est passé à côté des rendez-vous annuels dans les Vosges, le Jura, en Seine-etMarne, dans le sud de la France… L’année a été un désastre avec trois mois de travail effectif au lieu de neuf. Le chiffre d’affaires a baissé de deux tiers. Claire Coppier explique que, durant le premier confinement, ils sont « restés chez eux » avec l’angoisse du devenir et de la date du retour aux affaires. Ils ont pu bénéficier, malgré tout de l’aide de l’Etat de 1 500 €.

Au déconfinement, début juillet, l’équipage rejoint Fos-sur-Mer et, même s’il a été prévenu au dernier moment, un sentiment de soulagement domine. Les mois de juillet et d’août sont jugés « corrects » en termes de travail et de fréquentation. Malgré tout, une incompréhension gagne Elvis Coppier en voyant, au cas par cas, des villes interdire leur venue (et celle de leurs collègues). Il explique avoir fait face « au bon vouloir des maires avec des traitements différents entre des communes à quelques kilomètres l’une de l’autre ». Il souligne ainsi un manque de logique.

Situation pesante

A la rentrée de septembre, la situation s’est de nouveau dégradée avec l’annulation de nombreuses foires et fêtes comme celles de Poussay, Brienne-le-Château, Arcis-sur-Aube ou Toul. Le manque de visibilité devient alors pesant et pour le moins inconfortable.
Avec le second confinement, la logique de l’Etat échappe encore davantage au couple entre eux qui accueillent une centaine de personnes par jour, à l’air libre, et des grandes surfaces qui en reçoivent des milliers dans des milieux confinés.

Néanmoins, Elvis Coppier comprend les mesures pour lutter contre la Covid-19. Son grand-père en est décédé à 87 ans. D’ailleurs, il a toujours pris très au sérieux le protocole sanitaire. Le manège est désinfecté régulièrement. Du gel hydroalcoolique est fourni et les gestes barrières sont obligatoirement pratiqués par les familles qui accèdent au manège. A noter que la force des fêtes foraines est d’être constituée d’un ensemble de forains indépendants qui ont en charge leur propre manège. Autrement dit, chaque jeu est soigneusement entretenu. D’ailleurs, Claire Coppier fait remarquer que jamais aucun foyer de contamination n’a été détecté sur une fête foraine.

Alors que chaque profession a désormais un timing pour leur réouverture (le 15 décembre pour les musées et cinémas, le 20 janvier pour les restaurants), Claire Coppier fait remarquer que leur secteur est dans l’expectative la plus complète. « Nous fonctionnons au jour le jour et attendons des dates. Vous pourrez remarquer que nous ne sommes jamais cités dans les discours ».

Dans la profession, comme en témoigne Elvis Coppier, un réel sentiment d’injustice est ressenti. « Nous avons l’impression de ne pas être considérés et pris en compte ». Il parle d’un sentiment d’abandon en précisant qu’il préférerait travailler plutôt que de toucher des aides. Pour le couple Coppier, dans ce contexte si particulier, « toute la profession s’interroge sur son devenir ». Il ne cache par leurs inquiétudes sachant que leurs enfants veulent devenir forains. En attendant, l’intersyndical et la fédération des forains sont à la manœuvre auprès des ministères pour en savoir plus. Quant au couple, il a décidé de limiter les investissements sur le manège en espérant très vite des jours meilleurs.

Frédéric Thévenin – f.thevenin@jhm.fr

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