Les filles doivent « oser les sciences »
Mardi 26 avril,
Christophe Juppin, responsable
de la société I-Tego SAS,
accueillait le Cinétech n°45
dans l’amphithéâtre de l’UTT
de Nogent. Une soirée
consacrée à l’égalité
femme-homme et à la place
des filles dans les filières
scientifiques, mathématiques
et numériques.
Avant un débat passionnant, un film sur l’histoire vraie de trois scientifiques travaillant dans l’ombre à la Nasa dans les années 60 a été projeté. Ce film raconte les histoires de Katherine Goble, mathématicienne, Mary Jackson, aspirante ingénieur, et Dorothy Vaughan, responsable d’un groupe d’analyse, qui font partie de ces scientifiques d’exception. Elles sont femmes, Afro-Américaines, mathématiciennes et physiciennes surdouées dans une nation encore en proie à la ségrégation raciale. Les difficultés qu’elles rencontrent révèlent les ambivalences et les contradictions d’une Amérique tiraillée entre rêves d’évolution technologique et archaïsmes sociétaux.
Grâce aux calculs de Katherine Johnson, première femme noire doctorante qui travaillera ensuite pour la mission Apollon 11, Alan Shepard a pu être le premier Américain à aller dans l’espace, avant que l’astronaute John Glenn n’effectue, en 1962, le premier vol orbital.
A cette époque, et dans cette “course aux étoiles”, le rôle des “calculateurs humains” était primordial pour chiffrer les trajectoires, les fenêtres de lancement et les plans d’urgence des vols, malgré la montée en puissance des fameux ordinateurs IBM qui révolutionneront le traitement des données.
« Beaucoup pensent qu’elles ne se sentent pas légitimes dans ce genre de domaines. »
Ce mardi, le Cinétech n°45 a rendu hommage à ces femmes méconnues dont les compétences et la persévérance se sont avérées cruciales dans cette période d’évolution sans précédent de l’histoire aérospatiale.
Après la projection, un débat a été proposé après la traditionnelle pause gourmande.
L’invitée était Nada Matta, née au Liban, et qui a connu pendant quinze ans son pays en guerre. Poursuivant ses études en France, elle est maintenant professeure à l’université de technologie de Troyes, en ingénierie et gestion des connaissances. Elle travaille sur la valorisation du savoir-faire, la traçabilité et la capitalisation du retour d’expérience dans les activités coopératives comme la conception de produits, la gestion de crise, le marketing, etc.
Plusieurs applications de ces recherches ont été réalisées chez Dassault-Aviation, Décathlon, Danone… Elle a assuré jusqu’en 2019 des responsabilités à la direction du département “Homme environnement et technologies d’information et de communication”, à la direction du Groupement d’intérêt scientifique sur la surveillance, la sûreté et la sécurité de grands systèmes de 2009 à 2013 et également à la direction du département Systèmes d’information et Telecom de 2004 à 2006.
Nada Matta, forte de ses expériences, à travers des exemples concrets, a expliqué les difficultés rencontrées par les femmes dans le milieu du travail, en particulier dans des filières qui s’avéraient il y a quelques décennies réservées exclusivement aux hommes.
C’est ainsi le cas dans les filières mathématiques, physiques et les sciences de l’ingénieur et l’informatique. Aujourd’hui, moins de 30 % des chercheurs dans le monde sont des femmes. En France, c’est même un petit peu moins, c’est autour de 27 %. Comment expliquer ce déséquilibre hommes-femmes dans les sciences ? « Les filles ne vont pas vers les sciences de manière naturelle. Beaucoup pensent qu’elles ne se sentent pas légitimes dans ce genre de domaines. C’est sûrement lié à des stéréotypes». Alors, les filles, « osez les sciences ».