Les employés de Ferro donnent de la voix face aux licenciements
SOCIAL. Face au plan de suppression de postes de l’entreprise Ferro, une quarantaine d’employés se sont réunis, samedi 25 mars, devant le Théâtre de Saint-Dizier. L’objectif était de tourner un clip musical, qui sera relayé sur les réseaux sociaux, pour faire plier la maison-mère Vibrantz.
Les voix de basse ont résonné, samedi 25 mars, sur le parvis du Théâtre bragard. Une quarantaine d’employés de Ferro, emmenés par l’avocat Ralph Blindauer à la guitare, ont choisi ce cadre pour leur clip musical dénonçant les 48 suppressions de postes annoncées dans l’entreprise.
Parfaitement coordonnée, la chorale a entonné le chant de protestation « We Shall Not Be Moved » (« Nous ne bougerons pas », en version francophone). L’anglais se mêlait au français dans une partition menée de main experte par l’avocat. « J’ai commencé à entendre ce morceau il y a une cinquantaine d’années, quand les Irlandais étaient en grève », se remémore un témoin de la scène, père d’une employée de Ferro. « Je suis venu de Metz, pour voir ma fille et soutenir son mouvement, c’est bien normal », ajoute-t-il le sourire aux lèvres.
Les salariés font bloc
Globalement, les chanteurs ont aussi le sourire. Ils savent la situation assez grave, mais aiment se prêter à l’exercice. « C’est une première pour nous, mais ça nous permet de faire passer ce que l’avocat et les experts avancent. Et puis on noue un lien avec les syndicats allemands grâce à ce clip. L’union fait la force ! », lance Amélie Auguste, dans l’entreprise depuis 11 ans.
« Cette chanson véhicule de belles paroles. Certains sont là depuis 20, 30 voire 35 ans, et du jour au lendemain on supprime des emplois, et on délocalise… Il est hors de question que des collègues se retrouvent à la rue, sachant que le bassin d’emplois à Saint-Dizier n’est pas énorme », gronde Fabrice Pieper, délégué CFDT du personnel depuis 2004.
« C’est comme ça qu’on va gagner »
Quelques ajustements ont été nécessaires. « Nous ne sommes pas les Chœurs de l’Armée Rouge, mais il faut quand même y mettre un peu plus de coffre ! », scande Ralph Blindauer. Quelques conseils avisés du réalisateur, ami de l’avocat depuis une vingtaine d’années, permettent à la chorale de se mettre en ordre pour la prise définitive, après plusieurs répétitions.
Désormais dans la boîte, le clip sera très vite relayé abondamment sur les réseaux sociaux afin, espère-t-on dans l’assemblée, de parvenir jusqu’aux oreilles de Vibrantz, l’entreprise américaine qui détient Ferro. « Il y a eu une très bonne mobilisation des salariés. Au début, ils étaient un peu réticents à l’idée de chanter, mais ils se sont prêtés au jeu », se satisfait Maître Blindauer. Et d’ajouter : « C’est comme ça qu’on va gagner, au moins autant que devant les tribunaux. »
Dorian Lacour
D’autres actions à venir
En dehors de ce clip, d’autres actions seront menées ces prochains jours. Samedi 1er avril, la délégation se rendra à Colombey-les-Deux-Églises. L’occasion pour certains salariés de découvrir un site qu’ils n’ont jamais visité par le passé. Mais le déplacement revêt surtout un côté symbolique, avec une prise de parole sur l’esprit de la résistance et de la défense de l’indépendance industrielle du pays, une marche vers le cimetière, et le dépôt d’une plaque signée « des salariés de Ferro », en hommage au Général.
Cinq jours plus tard, au Ciné-Quai, le film de Stéphane Brizé, « En guerre », sera diffusé. L’histoire traite d’une entreprise bénéficiaire, mais menacée par un plan de licenciements économiques – parallèle direct à Ferro. Le film sera suivi par un moment d’échange en présence du scénariste Olivier Gorce, mais aussi d’Olivier Lemaire, acteur et expert travaillant sur le dossier Ferro.
D’autres idées sont en projet, comme un concert de soutien. À noter que la cagnotte de soutien en ligne « Solidarité Ferro« , disponible sur leetchi.com, est toujours ouverte.