Hôpital : les élus du Pays de Langres renversent la table
La conférence des maires sur la santé, qui s’est tenue mercredi 29 septembre 2021 à Peigney, a abouti à un vote informel surprise consacrant la volonté d’une majorité d’élus en faveur d’un hôpital unique entre Chaumont et Langres. Ce point pourrait figurer sur une motion remise à l’agence régionale de santé.
L’issue de cette réunion de mercredi 29 septembre, avant tout destinée à présenter les nouvelles propositions fortes du pôle d’équilibre territorial et rural (PETR) sur la thématique santé (lire par ailleurs), a surpris. Beaucoup estimaient le “train” passé, et c’était d’ailleurs le sens de l’intervention, en préambule, de Bernard Clément, pour le Conseil de développement territorial (CDT) : « Il apparaît clairement que l’intérêt des habitants des territoires de Chaumont et Langres requiert le choix d’un hôpital unique. Le site doit être proche de l’autoroute et équipé d’un héliport. Cette option, malheureusement, semble s’éloigner, pour des raisons politiques qui nous échappent ».
« Un, l’hôpital unique ; Deux, on verra où »
C’est cette donne politique qui a été renversée mercredi soir. Très rapidement, le débat s’est focalisé autour de cette question. « Je veux bien qu’on maintienne tous les établissements. Mais est-ce qu’on en a tout simplement les moyens ? Est-ce qu’on est en capacité d’avoir deux pôles chirurgicaux ? Et si l’on n’en a qu’un, quel est son positionnement ? », a lancé André Noirot, le maire de Bourbonne-les-Bains, qui s’est fait encore plus clair par la suite dans une intervention d’ailleurs applaudie : « s’il y a une première étude à faire, c’est celle du lieu. Je le dis franchement : d’abord, l’hôpital unique, et ensuite le lieu ! ».
« Les deux hôpitaux sont perfusés à coups de millions »
Conseillère régionale et ancien maire de Langres, Sophie Delong, qui défend ardemment l’option de l’hôpital unique à Rolampont depuis des années, s’est lancée dans un plaidoyer passionné : « Il faut être conscient de la réalité. Les deux hôpitaux de Chaumont et Langres sont perfusés à coups de millions par l’ARS depuis des années. Financièrement, on ne fera pas deux hôpitaux sur un bassin de vie qui décroît ! C’est le malade qui compte, et si l’on continue comme ça, on va tout perdre ! Je n’ai pas bougé. On va peut-être dire que je suis passéiste, mais ce qui a été proposé il y a 15 ans est toujours valable, et même plus urgent que jamais ».
« Le Département pour reconstruire Chaumont, sans laisser tomber Langres »
Bernard Gendrot a rappelé, pour sa part, l’exemple réussi de l’établissement commun construit entre Belfort et Montbéliard : « Comme Sophie, j’aurais aimé, il y a 15 ans, que cela se fasse… ». Le premier vice-président du Conseil départemental a toutefois rappelé l’esprit de la démarche de son président : « Le Département est prêt à financer la reconstruction de cet hôpital de Chaumont, mais il ne veut pas laisser Langres de côté ».
Un vote sur le vote…
De fait, le maire de Langres, Anne Cardinal, a annoncé avoir recontré Nicolas Lacroix lundi après-midi, et s’est félicitée de la teneur d’un entretien apaisé. Comme le président du PETR, Eric Darbot, qui ne s’y attendait manifestement pas, le premier magistrat langrois est apparu surpris par la tournure des événements : « Pour l’hôpital unique, il ne faut pas oublier la problématique des transports sanitaires, sachant que nous avons une population très âgée ». Son adjoint, Nicolas Fuertes, s’est inquiété d’un « taux de fuite » vers Dijon qui serait encore accru par une telle option.
Au comité syndical du PETR de valider
Profitant d’une proposition de motion à l’ARS formulée par le conseiller départemental et maire de Bourg Dominique Thiebaud d’une motion à l’ARS, plusieurs élus, dont le maire de Val-de-Meuse Romary Didier, ont exigé un vote informel et symbolique pour y inclure la volonté « d’un hôpital unique entre Chaumont et Langres ». Peu emballé, Eric Darbot a fait part de son souhait de temporiser : « Ne vaut-il pas mieux attendre le projet médical de l’ARS ? ». Face à la pression, et après avoir réalisé un vote sur l’opportunité de voter, il a reculé. La proposition a recueilli une large majorité d’avis favorables -44 sur 71 élus présents. Il revient désormais au comité syndical du PETR de la valider.
Nicolas Corté
n.corte@jhm.fr