Au Népal, Floriane consacre sa vie aux éléphants d’Asie
Bragarde expatriée au Népal, Floriane Blot est l’une des cofondatrices d’un sanctuaire pour éléphants, cinq ans plus tôt. Aujourd’hui, son travail commence à porter ses fruits et les mentalités évoluent. Pour aller encore plus, son équipe projette de se développer.
A vol d’oiseau, un peu moins de 8 500 kilomètres séparent Saint-Dizier de Sauraha. C’est bien beau, mais quel est le rapport entre la cité bragarde et ce petit village situé au Népal ? Floriane Blot. Cela presque dix ans que la jeune femme originaire de Saint-Dizier arpente ce petit pays (au regard de ses voisins) d’Asie du sud, connu avant tout pour l’Himalaya. « Au départ, ça ne devait être qu’un point d’étape », explique-t-elle, de retour dans la région pour quelques jours.
Debout
Soigneuse animalière diplômée, elle exerçait au zoo du Pal, dans l’Allier (03), notamment auprès d’un éléphant d’Asie. Comme un coup de foudre : « J’avais la curiosité de les voir dans leurs pays d’origine », contextualise Floriane. Presque dix ans plus tôt, elle débute son périple, en Asie du sud, d’abord en Inde, avant de rejoindre le Népal.
« Aujourd’hui, il y a autant d’éléphants d’Asie captifs que sauvages. »
Là-bas, la Bragarde découvre que les éléphants d’Asie « sont utilisés dans un but touristique, pour faire des balades sur leur dos notamment. C’est l’industrie du tourisme des années 80. » En action plusieurs heures, sous contrainte quasi-permanente, sans contact avec d’autres éléphants, enchaînés au repos, une nourriture pas adaptée… De plus, la destruction de leur habitat naturel (la jungle) menace de plus en plus l’espèce : « Aujourd’hui, il y a autant d’éléphants d’Asie captifs que sauvages. Le chiffre augmente de 5 % chaque année », alerte Floriane.
Elle tente alors de sensibiliser les propriétaires de ces derniers à un tourisme plus éthique. Comme en louant un éléphant une heure non pas pour se balader, mais pour le regarder vivre : « En expliquant que les Occidentaux avaient bien intégré le bien-être animale et qu’ils préféraient une interaction autre que par la balade. Mais c’est compliqué de changer les mentalités, c’est aussi leur source de revenus », analyse la Bragarde, qui ne lâche pas le morceau pour autant.
Sanctuaire
Par hasard, Floriane fait la connaissance d’un Canadien, Michael Bailey, et d’une Belge, Annik Lambert, qui partagent la même opinion sur les éléphants népalais. Ensemble, ils fondent une Organisation non gouvernementale (ONG) Stand Up 4 Elephants (debout pour les éléphants) en 2018, pour aboutir à la création d’un sanctuaire dans la campagne de Sauraha, près du parc national du Chitwan où l’on dénombre une soixantaine de spécimens d’éléphants.
Deux éléphantes seront récupérées après leur « retraite » : « Il y a Eva, 30 ans, et Lhamo, 45 ans. » Elles disposent d’un enclos, d’un bâtiment, d’une piscine… La journée, elles se promènent dans la jungle accompagnés des mahouts, soigneurs d’éléphants locaux. Une dizaine de Népalais travaillent pour le sanctuaire ; une manière de rappeler que « ce sont les éléphants du Népal, pas de Stand Up 4 Elephants ». Les touristes et écoles du coin viennent découvrir un lieu où l’éthique est plus importante que tout. Le concept plaît et la notoriété suit (le sanctuaire est recensé par le Routard). En parallèle, l’équipe prodigue des soins gratuits à d’autres éléphants du village. Un vrai travail pour la jeune femme qui, au départ, restait cinq mois sur place avant de rentrer pour la saison estivale au zoo du Pal. Désormais, elle y vit en permanence : « Ça prend du temps d’avoir des enfants de 4 tonnes ! », conclut Floriane.
Louis Vanthournout
Des projets à venir
Pour le fonctionnement de la structure, un budget de 70 000 € est nécessaire chaque année. Floriane et sa bande peuvent compter sur un réseau de partenaires fidèles, comme le zoo du Pal où elle travaillait avant, la fondation Brigitte Bardot, mais également des dons. « Cette année, il est possible de devenir membre de Stand Up 4 Elephants en échange d’une contribution mensuelle », poursuit la Bragarde. Les ventes de petits produits locaux (savons, porte-clés) fabriqué par les femmes du village, permet aussi de récolter quelques fonds. Il sera d’ailleurs possible de s’en procurer au festival de Montier, en novembre, où un stand sera tenu.
La jeune femme observe que « les mentalités changent, évoluent positivement, le bien-être animal est pris davantage en considération ». De quoi donner des idées au trio francophone : « Nous avons pour projet en 2024 de pouvoir accueillir plus d’éléphants. L’idée, ce serait de partir dans la jungle, au plus près de leur habitat naturel. » Affaire à suivre.