Les disquaires indépendants se rebiffent
Alors que le dépot de bilan de Virgin Megastore a mis en lumière les difficultés du secteur, les magasins de disques indépendants font de la résistance grâce au retour du vinyle et célèbrent samedi la troisième édition du «Disquaire Day».
«Contrairement à ce qui se passe sur les enseignes de la grande distribution spécialisée dans les biens culturels, les disquaires indépendants se portent plutôt bien,» se félicite David Godevais, le directeur du Calif, une association crée en 2002 pour maintenir et développer ce type de commerce.
«Cette année, on n’a pas constaté de fermeture de disquaires et une dizaine se sont créés en France. Dernièrement, on assiste à une accélération, il y a presque un disquaire qui se crée tous les trois mois à Paris», dit-il.
«La marge d’un disquaire est tellement faible que ça ne les rend pas riches. En général, ils arrivent à se payer un Smic voire un peu plus. Mais ils ne sont pas dans la difficulté dans laquelle ils pouvaient être il y a quelques années», ajoute-t-il.
Car les disquaires reviennent de loin. Au début des années 80, il y avait près de 2 800 disquaires indépendants en France. Mais en trente ans, la croissance des grandes surfaces, culturelles ou non, puis l’explosion du web et la dématérialisation de la musique ont quasiment fait disparaître le métier.
Aujourd’hui le Calif, recense 200 enseignes participant au Disquaire Day et estime que 100 à 150 existent par ailleurs.
Le regain d’amour des passionnés de musique pour le vinyle a contribué à l’embellie.
«Pour l’essentiel, les disquaires indépendants sont les seuls à en vendre. Il y a trois ans, le vinyle représentait 30 % du chiffre d’affaires des disquaires, aujourd’hui on est entre 70 et 80 %», note-t-il.
Sous l’impulsion du Calif, des politiques de soutien ont également commencé à se mettre en place pour faciliter l’implantation des petites enseignes en centre-ville, notamment à travers des aides au loyer.
Enfin, le «Disquaire Day» a donné un coup de projecteur sur les magasins indépendants.
L’idée de cette «journée des disquaires» est née en 2007 aux Etats-Unis et a rapidement essaimé en Europe. Maison de disques et artistes jouent le jeu en publiant des vinyles souvent inédits en édition limitée, proposés exclusivement chez les disquaires indépendants ce jour-là.
Lancé il y a trois ans en France, il «représente presque un 13e mois pour les disquaires», souligne M. Godevais.
L’initiative a aussi changé le regard des maisons de disques sur ces petites enseignes.
«Les multinationales n’avaient plus de comptes chez les disquaires indépendants, qui ne pouvaient plus obtenir leurs catalogues. Depuis que le Disquaire Day existe des sociétés comme Warner ont rouvert une quarantaine de comptes chez les disquaires indépendants et Universal a engagé une personne dédiée à ça», explique-t-il.
L’intérêt des maisons de disques se traduit aussi par le nombre de productions françaises éditées pour le Disquaire Day, environ 60 cette année, contre 12 seulement en 2011.
Samedi, les passionnés pourront ainsi trouver un 45 tours inédit d’Alex Beaupain publié à 500 exemplaires.
Des concerts — gratuits ou payants — sont également organisés. Miossec se produira ainsi à Brest, tandis qu’Alex Beaupain, Wax Tailor et Rubin Steiner clôtureront la journée à la Gaîté Lyrique à Paris.