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Les cuirasses de Marmesse trésors de la Préhistoire

Le bronze était travaillé pour être le plus fin et léger possible.

Rares trésors de la Préhistoire, les cuirasses de Marmesse figurent parmi les plus grandes découvertes archéologiques de Haute-Marne. Le musée d’art et d’histoire de Chaumont en conserve une.

On est en 1974, « lieu-dit du Petit Marais », Marmesse. Régis Harnet, 22 ans à l’époque, travaille à l’élaboration d’une carrière de sable. De banale, la scène devient extraordinaire quand sont exhumées trois cuirasses, emboîtées les unes dans les autres. Leur composition, en bronze, permet de les dater entre le IXe et le VIIIe siècles avant J-C. « C’est la fin de l’âge du bronze, un des trois âges de la période préhistorique. Avant, on ne connaissait pas encore les alliages. Après, on a découvert le fer », précise Raphaële Carreau, conservatrice des musées de Chaumont.

Au total, neuf cuirasses seront découvertes entre 1974 et 1986 sur le même site haut-marnais. Aux XIXe et XXe siècles, trois cuirasses de la même période ont été retrouvées à Fillinges, en Suisse, et deux autres à Grenoble. « Ces découvertes antérieures ont servi de comparaison pour replacer les cuirasses de Marmesse dans leur contexte d’usage. Mais en nombre et en conservation, elles sont uniques », explique Raphaële Carreau.

C’est à la fraîcheur des pierres du donjon de Chaumont qu’est conservée l’une d’elles. Le musée d’art et d’histoire de Chaumont renferme ainsi des trésors exclusivement découverts en Haute-Marne. Sept autres ont pris le chemin du musée des Antiquités nationales, à Saint-Germain-en-Laye. La dernière s’est envolée en 2017 vers Abu Dhabi, aux Émirats Arabes Unis, pour rejoindre les collections du Louvre local.

Une technique extraordinaire

Restaurée à deux reprises, la pièce exposée au musée présente la cuirasse quasi intacte. Seule la couleur, d’airain terni, est maintenant bien éloignée des teintes or qui devaient briller au soleil. Pour le reste, tout y est : plastron (sur le torse) et dossière sont reliés au-dessus et sur les côtés par des rivets, qui confèrent une souplesse à l’armure et permettent de l’ouvrir. La tôle de bronze – épaisse d’un millimètre seulement – est estampée de motifs (lignes et bossettes) qui soulignent l’anatomie du guerrier.

« Ces motifs permettent de rattacher ces cuirasses à la culture de Hallstatt, une communauté localisée Autriche au début de l’ère celtique », explique Raphaële Carreau. Elles témoignent donc d’abord de la circulation des techniques et des matériaux à cette époque très ancienne. « Les mines de cuivre et d’étain, à partir desquels le bronze est fondu, sont très éloignées géographiquement. Il fallait qu’un commerce existe, que les gens voyagent », ajoute-t-elle.

Quant aux raisons pour lesquelles neuf cuirasses ont été enterrées à Marmesse, le doute persiste. « Aucune jambière ou épée, qui constituaient le reste de l’équipement du guerrier, n’a été retrouvée », précise Raphaële Carreau. Dépôt cultuel ? C’est une hypothèse.

Solène Clausse

Horaires d’été du musée

De 14 h à 18 h tous les jours sauf le mardi.

De 10 h à 12 h les jeudi, vendredi et samedi.

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