Les combats d’Axel Clerget aux JO vus/vécus par ses parents
Avec Agnès et Francis Clerget, au bord du Der, à l’aube, tandis qu’à l’autre bout du monde…
Cinq heures du mat ce 28 juillet 2021. L’obscurité enveloppe les rives du Der et le gymnase de Giffaumont. Pourtant, une trentaine de judokas minimes et cadets du Grand Est ont déjà revêtu leur judogi. Assis sur le tatami, ils font face à l’écran de télévision connecté avec Tokyo ; ils attendent Axel.
L’attendent davantage encore Agnès et Francis, ses parents. Depuis qu’Axel est poussin, ils l’ont suivi dans toutes ses compétitions. Ils l’ont éduqué, ils l’ont formé, ils l’ont encouragé, ils l’ont rassuré. Des parents, quoi…
Le judoka haut-marnais apparaît sur l’écran. Dans le gymnase, la tension est palpable. Francis est au premier rang, entouré par les cadres du stage. Il pose un regard d’expert sur le combat et commente pour expliquer aux jeunes ce qui se passe, ce qu’on ne voit pas.
Agnès est au dernier rang. Tendue. « Vas-y mon gamin ! » Il ne l’entend pas, mais c’est comme si. À 5 h 25, heure du lac, Axel décroche sa première victoire de la journée. Applaudissements. On se dit tous que la journée sera longue au moins jusqu’à midi.
Acte II une heure plus tard. Dehors, il fait jour. Une aube blafarde, une lumière de renoncement ; mais ça, dans le gymnase, on ne le sait pas, on ne le voit pas. On a tous les yeux rivés vers l’écran. Axel revient.
Francis nous met en garde contre ce grand Néerlandais qui a déjà battu son fils. Il n’est pas là par hasard, le gaillard. Mais nous, dévots, on se dit que ce n’est qu’une étape de plus vers la suite.
Soudain, l’impensable, l’inimaginable. La fin du combat. La fin d’un parcours. La fin d’un rêve qui se brise. Incrédules, les jeunes finissent par comprendre qu’Axel a perdu. Dans la seconde, Agnès encaisse un coup terrible. Elle prend sa tête entre ses mains. Elle tourne le dos à l’écran maudit, et va s’isoler à l’autre extrémité du tapis. Ce n’est pas un judoka qui trébuche vers un podium, c’est SON gamin. C’est juste son gamin et le désarroi de l’autre bout du monde, il l’accable, elle, à l’autre bout du tapis. Elle est avec lui et elle est seule au monde.
Francis, c’est autre chose. Il se réfugie dans la technique, il analyse le combat, il décortique le récit. Il explique ce qu’il a compris comme s’il avait besoin de mettre des mots sur la page qui vient de se tourner. Il l’écrit, cette maudite page. Mais le plus dur, ce sera de la relire.
En attendant la compétition par équipe, samedi, les Clerget ont pris un coup, mercredi matin, à l’aube du Der. Pour autant, chacun le sait dans le monde du judo, bon sang ne saurait mentir. Le sport haut-marnais leur doit tant.