Les chasseurs manifestent au lieu de chasser
Ce dimanche 19 février, les chasseurs de Haute-Marne étaient environ 1 500 mobilisés à Chaumont. En cause : des désaccords avec les services de la préfecture pour le futur schéma de gestion cynégétique.
Ce dimanche, les chasseurs de Haute-Marne n’avaient pas rendez-vous à la cabane de chasse. Ils se sont retrouvés au square du Boulingrin, à Chaumont, juste en face de la préfecture. Ils étaient environ 1 500 à répondre à l’appel du président de la Fédération des chasseurs, Thomas Corvasce. Les discussions ont tourné court avec les services de la préfecture. Et ça coince pour rédiger le prochain Schéma de gestion cynégétique. Valable pour six ans, ce document écrit par les chasseurs pour les chasseurs dresse les objectifs et fixe les cadres. Mais il doit également concilier d’autres usagers de la nature que sont les agriculteurs, les forestiers et promeneurs.
Deux points particuliers ont du mal à passer : la préfète, Anne Cornet, est défavorable à l’agrainage dissuasif. Un point qui devrait être tout prochainement clarifié puisqu’un accord cadre de la Fédération des chasseurs doit être présenté lors du Salon de l’agriculture en présence d’Élisabeth Borne et des instances nationales de la chasse et de l’agriculture, comme l’a détaillé Pascal Sécula, représentant du président de la Fédération nationale (lire ci-dessous). Le deuxième sujet concerne les populations de sangliers que la préfecture souhaiterait encore voir diminuer. Après un effort conséquent plusieurs années de suite, les chasseurs disent stop.
Dans la bonne humeur et « en fanfare »
Après un accueil et quelques discours, les chasseurs ont symboliquement accroché des guirlandes de bracelets de sangliers aux grilles de la préfecture. Suite aux discours, le cortège a remonté la rue Victoire de la Marne jusqu’à l’hôtel de ville, emprunté la rue Trefousse puis est revenu à son point de départ. La délégation a été reçue en préfecture et les chasseurs ont préparé un barbecue qui a permis de donner une note festive à cette mobilisation qui s’est achevée en début d’après-midi, sans le moindre heurt mais en fanfare avec cornes et trompes de chasse.
S. C. S.
s.chapron@jhm.fr
Thomas Corvasce, un président déterminé
Le président de la Fédération des chasseurs de Haute-Marne était ému devant les centaines de chasseurs mobilisés ce 19 février au Boulingrin.
« J’avais préparé une intervention. Beaucoup de choses ont été dites et je vais laisser parler mon cœur ! Ça fait vraiment quelque chose, pour un président de Fédération, de voir que les troupes sont présentes, que les adhérents sont là, que l’ensemble des territoires sont représentés avec autant de ferveur pour défendre notre passion. La première fois que j’ai entendu une meute de chiens derrière un sanglier, je devais avoir 8 ans. Mes poils se sont dressés immédiatement et ça ne s’est jamais interrompu depuis. Je crois qu’il n’y a que des chasseurs qui peuvent comprendre cette passion viscérale qui nous unit à la nature et qui fait que chaque week-end nous sommes présents dans la nature. Tant que l’administration n’aura pas compris ce message et que ce n’est pas une affaire que de normes, que de textes, que de réglementations, nous poursuivrons inlassablement la défense de notre passion. Nous allons porter le message de notre détermination à Madame la préfète. »
Pascal Sécula : « L’autorisation d’agrainer doit être validée le 1er mars »
Le président de la Fédération des chasseurs de Côte d’Or et trésorier national était dans les rangs des manifestants. Il a détaillé les modalités d’un accord qui doit être présenté le 1er mars.
« En 2013, en Côte d’Or, nous étions 2 000 devant la préfecture. On a connu la même chose ! Il y a deux ans, ça a été très compliqué. C’est pour ça que nous sommes solidaires. Je suis aussi présent en tant que représentant du président de la Fédération nationale pour vous dire qu’on a quand même travaillé depuis deux ans sur le fond pour obtenir un accord cadre national avec la profession agricole et l’État. On y est arrivé, pas à pas ! Cette présentation a été faite lundi 13 février à la Chambre d’agriculture à Paris. Cet accord donne notamment la possibilité d’agrainer en période de chasse jusqu’au 15 février. C’est énorme. Cet accord doit être validé lors du Salon de l’agriculture, le 1er mars prochain, en présence d’Élisabeth Borne. »
« Une situation qui devient grave » pour Jacky Desbrosse
Le président de la Fédération des chasseurs de la Marne était présent en soutien aux chasseurs haut-marnais.
« La situation est en train de se dégrader d’une manière très préoccupante. On a une administration qui prend conseil auprès de gens qui ne nous aiment pas, qui ne nous connaissent pas, qui ne savent pas comment on fonctionne. Et aujourd’hui, on est dans une situation qui devient grave. Il y a eu une distribution de maïs sur le parvis de la préfecture et je félicite ceux qui l’ont fait ! Le sujet de l’agrainage est un sujet qui est complètement détourné, dévoyé, et manipulé par l’ONF. Ce qui pose un problème extrêmement grave à l’ensemble de la chasse française. »
Les discussions vont reprendre en préfecture
La préfète, Anne Cornet, a reçu les représentants du monde de la chasse avec lesquels il a été convenu de reprendre les discussions, en préfecture, dans les jours à venir.
« Je voulais rappeler que l’élaboration d’un schéma de gestion cynégétique est de la compétence des chasseurs, dans une démarche de concertation avec l’ensemble des partenaires, propriétaires ou usagers de la nature, qu’il s’agisse de forêts ou de terrains de culture. C’est dans cette concertation que les acteurs doivent aboutir à un schéma qui permette le maximum de convergence possible vers un mode de gestion qui convienne à chacun », évoquait la représentante de l’État qui a reçu la presse après la délégation de chasseurs.
Au cours des mois écoulés, la préfète Anne Cornet dit avoir eu des retours de différents acteurs qui auraient aimé avoir une concertation plus dense. « A cette fin, la Fédération des chasseurs m’avait demandé une prolongation des délais, ce que j’ai accordé dans le maximum autorisé de deux fois trois mois. »
« Nous entamons un nouveau cycle dans lequel les acteurs doivent converger dans un mode de gestion qui leur convienne. (…) Le ressenti, c’est toujours le plus compliqué », ajoute-t-elle.Un point d’accord a été trouvé : les discussions vont pouvoir reprendre. « Il a été convenu avec le président de la Fédération des chasseurs de Haute-Marne de réunir tous les acteurs en préfecture dans les jours à venir », concluait la préfète.