« Les bus, il y en a ras le bol » (partie 1/2)
En septembre, le réseau de bus a été réduit. Des usagers ont tenté de faire bouger les choses. Des améliorations ont été trouvées, mais pas partout. Le quotidien de certaines personnes demeure très impacté et plusieurs ne vont pas renouveler leur abonnement.
Pour répondre à une économie de 1,2 million d’euros demandée par l’Agglomération, Keolis a réduit l’offre des réseaux C’mon Bus, mais aussi de C’mon village (à retrouver dans notre édition du samedi 23 décembre). Depuis septembre, Chaumont compte cinq lignes de bus contre six auparavant. En dehors de la numéro 1, la fréquence de passage de toutes les lignes a été réduite. Des ajustements ont été réalisés (voir encadré), mais beaucoup d’usagers ont dû trouver leurs propres solutions.
« Prendre des taxis »
« Avant, je le prenais pour faire mes courses au Leclerc. Maintenant, je dois aller au Leclerc pour prendre le bus », déplore Josette, 91 ans, habitante du quartier de Saint-Aignan. Pour se rendre à l’hypermarché, elle doit donc marcher 25 minutes. « Je vais envisager de prendre des taxis », confie-t-elle, avant d’ajouter : « en 3 mois, je me suis servie de ma carte seulement six fois. L’année prochaine je n’en prendrai pas ».
Yvette, 81 ans, se retrouve également au pied du mur. L’arrêt Chaumont-le-Bois a été supprimé et elle doit maintenant marcher jusqu’à l’école de gendarmerie. « Je suis seule, veuve, avec des soucis de santé et sans moyen de locomotion. » A son âge, marcher 400 mètres supplémentaires est très difficile. Tout comme pour son fils de 51 ans, qui a d’importants problèmes cardiaques et qui n’est pas véhiculé. « Il doit faire des pauses entre l’arrêt de bus et ma maison. Quand le temps est trop mauvais, il ne vient plus. »
Collégiens et lycéens à pied
Son voisin Pierre* est père de deux adolescents. Il a acheté sa maison à Chaumont-le-Bois il y a un an et demi « parce qu’il y avait l’arrêt de bus à côté ». L’année dernière, ses enfants prenaient le bus. Cette année, ils prennent le vélo, leurs jambes ou se font déposer en voiture par leur père. Toutefois, ce dernier travaillant à Joinville, cela n’est pas toujours facile. « Dans une lettre, l’Agglomération nous a indiqué que le site « dispose d’une promenade piétonne, confortable et sécurisée »… Mais à 15 ans, à 7 h du matin, sous la pluie, la promenade, tu ne la vois pas », pointe-t-il. Yvette est également restée sceptique à la lecture de la lettre. « Cette réponse est à la limite du cynisme. »
Pierre n’a donc pas repris de carte de bus pour ses enfants, tout comme une riveraine de Val Barizien. « Avec les changements de lignes, mes enfants doivent soit prendre des correspondances alambiquées, soit marcher jusqu’à l’arrêt d’Intermarché. Mais, quand ils y arrivent, ils ont déjà fait les trois quarts du chemin. », explique Myriam, la riveraine. Alors, ils y vont à pied et la famille n’a pas repris d’abonnements. Myriam ajoute : « Dans ma rue, cinq autres personnes vont arrêter leur abonnement pour les mêmes raisons ».
Au Cavalier, rue Robespierre, Edith se considère « comme une privilégiée car elle a toujours deux bus ». Cependant, elle ne peut plus aller directement à Aldi et Lidl. « J’ai dû changer mes habitudes parce qu’il y avait trop de correspondances. Je vais maintenant à Intermarché, qui est un peu plus cher ».
Du côté de la Rochotte, Béatrice, 70 ans, alterne entre bus et auto-stop. Jeudi 21 décembre, elle a arrêté les voitures pour aller chercher son colis de Noël à la mairie car il n’y avait pas de bus dans les temps. « Les bus, il y en a ras le bol », résume-t-elle.
Julia Guinamard
* prénom modifié.
Ajustements apportés
Dans une réponse écrite, l’Agglomération indique avoir « fait évoluer les lignes 1 et 2 du réseau de transport urbain de Chaumont permettant une desserte efficace des grands corridors des lignes à forte fréquence, depuis le 6 novembre dernier ».
Sur la ligne 1 « De-Gaulle- Thomas -Moulin Neuf », cinq départs et cinq arrivées ont été ajoutés. Sur la ligne 2 « Moulin Neuf – Thomas – Oudinot », quatre départs et trois arrivées ont été ajoutés. Au collège de la Rochotte, une desserte a été mise en place en fin d’après-midi par un véhicule de renfort scolaire. Du côté de Saint-Saëns, un véhicule de renfort scolaire permettant une dépose des élèves plus adaptée à l’horaire d’ouverture a été ajouté. Aussi, quatre arrêts spécifiques, matin et soir, ont été mis en place pour l’IME Val de Suize – Brottes.