Les bourgeois de Calais – L’édito de Patrice Chabanet
Le Parti socialiste – du moins ce qu’il en reste – boira le calice de la défaite jusqu’à la lie. Après sa cinglante défaite à la présidentielle, le voilà contraint de se chercher un sauveur. Comme les bourgeois de Calais il s’en remet à la bienveillance de la France insoumise. Une humiliation qu’il fait passer pour un choix totalement assumé. On se console comme on peut. Il en est même réduit à se rendre au siège de LFI. Quelle dégringolade pour un parti qui a gouverné la France ! Passer du rôle central de la vie politique à celui de supplétif. C’est sans doute le prix qu’il pense devoir payer pour sauver des sièges de députés.
Jean-Luc Mélenchon boit du petit lait avec cette inversion des rôles. Il s’affiche déjà sur les murs de nos villes comme futur Premier ministre. Mais la réalité est plus complexe que les effets de menton et les discours outranciers du chef. L’électorat socialiste qu’il lui faudrait éventuellement convaincre est plutôt social-démocrate tandis que lui reste calé sur une ligne beaucoup plus étatiste. Même clivage en matière de politique extérieure : Mélenchon ne parvient pas à dissimuler ses préférences pro-russes et ses penchants pour les régimes autoritaires d’Amérique latine.
En cas d’accord avec LFI, un résultat est déjà pratiquement acquis : les minoritaires du Parti socialiste quitteront le bateau. Le Premier secrétaire n’arrête pas de les fustiger. Une manière de faire oublier son échec patent dans la faillite de son parti. Pendant cinq ans, comme à LR d’ailleurs, rien n’a été fait pour le reconstruire et permettre l’émergence de nouveaux leaders. Pour le moment, le PS s’ébroue comme un canard sans tête.