Les Bleus ont un quart à prendre
Ce soir (21 h), Français et Espagnols vont entrer dans l’arène du Stade d’Hanovre pour une mise à mort de l’une des deux équipes. Si les Bleus ne veulent pas rater le quart, ils ont tout intérêt à être exacts au rendez-vous, sinon…
Il y a tout juste vingt-deux ans, le 27 juin 1984, au Parc des Princes, la France affronte l’Espagne pour le compte de la finale de l’Euro. Alors que le score est de 0-0, les Bleus obtiennent un coup franc à l’entrée des dix-huit mètres. Michel Platini, le maître artificier de l’équipe de France, enroule parfaitement sa frappe, Luis Arconada, le gardien ibérique, semble s’emparer du ballon avant de le laisser filer sous son ventre. Cette légendai- re toile, nommée, depuis, une “Arconada”, met les Bleus sur la voie d’un premier trophée dans une compétition officielle. C’est chose faite, à la dernière minute, grâce à Bruno Bellone qui parachève ce succès (2-0).
Quarante-deux ans de disette
Depuis ce jour historique, les Bleus n’ont jamais perdu face aux Espagnols en compétitions officielles (victoires 3-1 et 2-1 lors des matches de qualifica- tions pour l’Euro 92, nul 1-1 lors de l’Euro 96 et victoire 2-1 lors de l’Euro 2000). Une série que les hommes de Raymond Domenech aimeraient bien poursuivre. Bien évidemment, les Ibériques ne l’entendent pas de cette oreille. Le Championnat d’Espagne a beau être un des plus spectaculaires au monde, le FC Barcelone a beau avoir remporté la Ligue des Champions et le FC Séville la Coupe UEFA, il n’empêche que l’équipe nationale a du mal à suivre. Depuis 1964 et le Championnat d’Europe des Nations, les Ibériques n’ont rien eu à se mettre sous la dent. Pour cette septième phase finale de suite, les supporters, après quarante- deux ans de disette, veulent que ça change…
Si le chemin qui mène au titre suprême est encore long et tortueux, force est de constater que, pour ce huitième de finale face à la France, les Espagnols ont les faveurs des pronostics. Au regard du premier tour et des prestations des deux équipes, il est évident que les Bleus sont plutôt dans une position d’outsiders. «Seule la vérité du terrain compte» a déclaré, dimanche, Eric Abidal, le défenseur tricolore, qui devrait retrouver sa place de défenseur gauche, après son match de suspension face au Togo. Exact. Ce qui compte, dans ces matches à élimination directe, ce n’est pas d’être favori ou outsider, c’est de gagner !
Il faudra être réaliste
Une victoire française qui passe par le réalisme. Face aux Espagnols qui, comme les Tri- colores, n’ont encaissé qu’un but lors du premier tour, il ne faudra pas, comme cela a été le cas jusqu’à maintenant, “vendanger” les occasions qui se présenteront. Elles seront d’autant plus importantes qu’elles risquent de ne pas être aussi nombreuses qu’au premier tour. Une chose est sûre, s’il y a un joueur qui est motivé comme jamais, c’est bien Thierry Henry. En effet, en octobre 2005, lors d’une séance d’entraînement en vue du match de qualification pour le Mondial face à la Belgique, Luis Aragonès, le sélectionneur ibérique, avait tenu à son attaquant Reyes des propos racistes envers le joueur d’Arsenal. «Dites-lui au noir : je suis meilleur que vous. A ce noir de merde : je suis meilleur que vous.» Sans commentaire. Pour avoir une chance de passer ce tour, il faudra également confirmer la solidité de la défense face à une équipe qui a inscrit la bagatelle de huit buts en trois matches ! «Cela passe par un travail des dix joueurs qui sont devant le gardien», explique Eric Abidal qui, comme tous ses partenaires, devra être particulière- ment vigilant lors des coups de pieds arrêtés, le “talon d’Achille” des Bleus depuis le début du Mondial, même si Raymond Domenech tient à signaler que, lors de cette Coupe du Monde, «toutes les équipes ont du mal dans ce secteur de jeu.»
S’il est un élément dont il faut également tenir compte, c’est l’âge des joueurs des deux équipes (25 ans de moyenne pour l’Espagne, 30 ans pour la France).
La jeunesse face à l’expérience
Les Espagnols comptent sur leur jeunesse pour donner du rythme à la partie sachant qu’une éventuelle prolongation ne leur fait pas peur. Ils seront d’autant plus frais que certains joueurs n’ont pas joué le dernier match et ont donc pu bénéficier de neuf jours de repos contre seulement trois pour les Bleus.
Des Français qui comptent sur l’expérience des “anciens” pour calmer les ardeurs des Ibériques. «Il ne sert à rien de courir comme des fous et de s’épuiser, il vaut mieux faire des efforts quand il le faut», n’hésite pas à déclarer Raymond Domenech nullement inquiet par cette différence d’âge des deux formations. «Physiquement, nous sommes prêts pour tenir cent-vingt minutes s’il le faut», ajoute Eric Abidal.
Dans l’effectif des Bleus, il y a des joueurs capables de garder le ballon, de temporiser, s’il le faut, on pense bien évidemment à Zinédine Zidane, mais il y a également des joueurs qui vont vite comme Thierry Henry ou encore Franck Ribéry. De là à savoir si cette variété de joueurs sera suffisante pour battre l’Espagne…
Au moment de pénétrer dans l’arène du Niedersachsenstadion, les Bleus doivent bien avoir en tête que le “quart” pour Francfort passe par Hanovre mais qu’il ne passera pas deux fois…
Reportage en Allemagne : Yves Tainturier