Les Bleus changent de statut
L’équipe de France, au terme d’une partie remarquable, a éliminé le quintuple Champion du Monde, le Brésil (1-0). Des Brésiliens qui, samedi, ont trouvé plus forts qu’eux. Outsiders avant la rencontre, les Bleus changent de statut et se présentent comme les favoris pour la victoire finale, le 9 juillet, à Berlin.
Qui, au soir du premier match de l’équipe de France face à la Suisse, aurait parié le moindre euro sur les chances de retrouver les Bleus dans le dernier carré de la Coupe du Monde 2006 ? Sans doute peu de monde, exception faite du staff technique des Tricolores, de Zinédine Zidane et ses coéquipiers. Un entraîneur et des joueurs un tantinet agaçants avec leurs déclarations qui ressemblaient plus à une leçon bien apprise qu’à autre chose. Elles laissaient entendre, malgré des prestations plus que moyennes voire inquiétantes, que l’équipe de France pouvait et allait faire un bon Mondial. Force est de constater, même si le chemin qui mène sur le toit du monde au soir du 9 juillet est encore long, que se retrouver dans le dernier carré, après avoir battu l’Espagne mais sur- tout le Brésil, le tenant du titre et quintuple Champion du Monde, est une réelle et belle performance.
Des Bleus libérés
Il ne fait désormais plus aucun doute que le déclic s’est produit au soir de la qualification laborieuse face au Togo. Une qualification synonyme de libération pour tout un groupe encore traumatisé par la Coupe du Monde 2002 complètement ratée, comme l’a confirmé Raymond Domenech, le sélectionneur des Bleus (lire questions-réponses). Encore fallait-il convaincre tout le monde que le billet pour les 8èmes de finale n’était pas le fruit du hasard. Le vrai premier test, les Tricolores l’ont passé face à l’Espagne et l’ont brillamment réussi.
Face au Brésil, à l’heure où le Tour de France s’élance, les Bleus s’attaquaient à une montagne de première catégorie, voire même hors catégorie, au regard de leur palmarès.
Mais les hommes de Raymond Domenech ont montré qu’ils avaient du braquet. Même si le sélectionneur des Français dit que le match parfait, «il faudra le faire le 9 juillet à Berlin», il faut bien constater que les joueurs de l’équipe de France ont, sinon approché, tout au moins tutoyé la perfection.
La “quinquette magique”
On savait les Bleus solides défensivement, ils l’ont confirmé face au Brésil. Fabien Barthez a gardé son but inviolé, ce qui n’est pas une mince affaire lorsque l’on a en face de soi des joueurs comme Ronaldo, Kaka, Ronaldinho ou encore Adriano, qui sont capables de marquer à tout moment et dans n’importe quelle position.
Si les Brésiliens, avec les quatre joueurs cités, ont leur “carré magique”, la “quinquette magique” des Bleus avec Patrick Vieira, Claude Makelele, Franck Ribéry, Florent Malouda et Zinédine Zidane, n’est pas mal non plus ! Les deux premiers, au four et au moulin, ont ratissé bon nombre de ballon que le N°10 et capitaine des Bleus, au sommet de son art, a bonifié. Quant à Franck Ribéry et, à un degré moindre, Florent Malouda, ils ont parfaitement joué leur rôle dans leur couloir respectif, afin d’empêcher les montées de Cafu et de Roberto Carlos.
Les sorties de Franck Ribéry, exténué, et de Florent Malouda, montrent bien que les joueurs de l’équipe de France n’ont pas ménagé leurs efforts. Ils sont allés au bout d’eux mêmes, à l’image du héros de cette rencontre, le buteur, Thierry Henry, seul en pointe mais qui n’a jamais hésité à venir rechercher le ballon quand le besoin s’en fai- sait sentir. Lui aussi, à bout de souffle, a quitté le terrain avant la fin.
De la place pour une 2ème étoile
Et les Brésiliens dans tout cela ? Exception faite des dix premières minutes pied au plancher, ils ont donné l’impression d’avoir laissé leur football au vestiaire. Même avec 55% de possession de balle, ils ont très rarement mis en difficulté la défense française. Incontestablement, les stars brésiliennes ont raté leur match. S’il est vrai que des joueurs comme Ronaldinho sont fatigués par leur longue saison, cela n’explique pas tout. Les Français ont également des joueurs qui évoluent dans les plus grands clubs européens et, samedi, malgré leur moyenne d’âge élevée, ils ont couru comme s’ils avaient 20 ans ! Si les Bleus ont gagné, c’est tout simplement qu’ils ont été meilleurs que la “Seleçao”. Contrairement aux Brésiliens qui n’ont plus de place au-dessus de leur écusson, les Français ont tout à loisir de broder une deuxième étoile sur leur maillot. Quoi qu’en disent les joueurs et Raymond Domenech, les Bleus ont changé de statut. Ils sont, l’espace de quelques jours, passés du statut d’équipe en voie d’être éliminée, à celui d’outsider et, désormais, de favori. Une étiquette pas facile à porter, les Tricolores s’en sont aperçus en 2002 et les Brésiliens en 2006…