Les artistes des grands lacs
Créé en 2005 par Françoise Larchet, professeure de peinture et passionnée des arts, l’Atelier des grands lacs de Giffaumont-Champaubert est devenu depuis incontournable dans le paysage culturel de la région. Les 25 élèves viennent, pour la plupartde la région du Der, et, au-delà, de la Haute-Marne et de l’Aube.
Ce plébiscite certain, Françoise Larchet n’en est pas étrangère. Elle rassemble les amateurs de peinture et a porté l’association sur les fonts baptismaux. Plus qu’une initiation, ces cours de dessin et de peinture dispensés par une véritable artiste peintre a pour vocation de transmettre une passion et d’acquérir les rudiments de l’art pictural. Après avoir découvert les couleurs et les secrets de leur fabrication, les élèves ont appris la perspective et les formes.
Pour Françoise Larchet, « l’art pictural rend la nature plus belle puisqu’elle dégage des formes illusoires et mensongères et installe la vérité contenue dans les apparences pour la doter d’une réalité plus haute créée par l’esprit humain ».
Si la peinture à l’huile a les faveurs des élèves, aquarelle, sanguine, crayon, encre, pastel sont leurs autres domaines de prédilection où les élèves se distinguent avec talent dans la réalisation de fort jolis tableaux. Pour la professeure, les principes sont simples : travailler les différentes techniques à travers des thèmes aussi variés que la copie d’un maître, à partir de photos, ou carrément sur des modèles ou sujets spontanés, le tout en surfant allégrement du très moderne au très classique. Les nouvelles âmes artistiques peuvent se joindre au groupe à n’importe quel moment de l’année sans être déboussolées pour autant, puisqu’à chaque fois l’on démarre à partir des bases. Si certains sujets sont imposés pour favoriser l’acquisition des techniques, d’autres sont libres afin que chacune ou chacun puisse s’exprimer et trouver son style selon son niveau.
Les participants peignent individuellement. Chaque élève explore son propre répertoire de formes et d’images qu’il souhaite. La professeure d’art pictural n’est ni un enseignant ni un soignant. A la différence du thérapeute qui a pour objectif de guérir son patient, la professeure accepte l’autre d’une manière inconditionnelle, proche de la pensée du psychologue humaniste Carl Rogers qui énonçait «Tout être est une île » ; par les paroles discrètes et les encouragements, elle fait (re)naître le plaisir d’agir. Pour Françoise Larchet, « le centre du mieux-être réside en soi-même. L’adulte qui dit je suis nul en dessin se découvre capable et prend confiance ». Cette année, c’est sur le thème du cantique des oiseaux que les artistes vont s’exprimer pleinement. Du Bosphore au Gange, le Cantique des oiseaux fut une éternelle source d’inspiration. Les images reproduites offrent un panorama inédit de la peinture orientale. Créées exclusivement pour des princes, dans les ateliers royaux d’Iran, d’Afghanistan, de Turquie et d’Inde, elles illustrent les symboles mystiques qu’Attâr a répandus tout au long de son poème. Ce sont ces illustrations que les élèves s’inspirent pour réaliser leur œuvre. Et il faut bien l’avouer sans fausse modestie, le résultat est des plus probants.
Dans un environnement paisible, les élèves apprennent donc un mode de relation, plus respectueux, plus acceptant de soi et donc des autres. Pour Françoise Larchet, « on n’est plus là pour se rencontrer que pour se raconter » en référence à l’assertivité, un concept qui désigne la capacité à s’affirmer dans le respect d’autrui.
De notre correspondant, Jean-Pierre Julien