Les années 30 – L’édito de Patrice Chabanet
LES ANNÉES 30 – L’édito de Patrice Chabanet
La montée des populismes, quand ce ne sont pas des nationalismes, amène une question : vivons-nous la réédition des années 30 ? Le président de la République vient d’en exprimer la crainte. Mais la comparaison a ses limites, dans la mesure où chaque période conserve sa singularité. Des points communs existent, c’est indéniable. Les discours extrémistes s’affirment de plus en plus sans complexe. Le débat démocratique cède la place à des pugilats rhétoriques. Le rejet de l’autre tient lieu d’argument. L’antisémitisme revient, moins masqué. La notion même de démocratie est remise en cause. Ce climat de tension est exacerbé par les réseaux sociaux. Mais demeurent d’importantes différences par rapport à l’entre-deux guerres. Les nationalismes qui redressent la tête n’ont pas les prétentions territoriales qu’avaient l’Allemagne hitlérienne et l’Italie fasciste. Ils expriment plutôt une culture identitaire. Ainsi l’extrême droite allemande veut renvoyer dans leur pays les migrants, mais elle n’entend pas récupérer les territoires des Sudètes. Bref, il n’y a pas de danger de guerre en Europe, du moins dans un avenir prévisible.
L’autre grande différence est le tableau économique. Le monde a subi une violente secousse en 2008, singulièrement aux Etats-Unis. Mais on n’a pas assisté à un remake de la Grande Dépression des années 30. Les gouvernements ont su contenir la débâcle. Aujourd’hui, c’est d’ailleurs plus le risque d’une crise majeure de ce côté là que celui de la montée des populismes qui peut nourrir des appréhensions. Et pour le coup gonfler les voiles des nationalismes. Fort heureusement, on n’en est pas encore là.
S’il devait y avoir une comparaison à faire, ce serait plutôt avec 1914, ce qui n’est guère plus rassurant. La situation au Proche et Moyen-Orient reste d’une extrême gravité. On finit par s’y habituer, mais l’imbroglio est tel que tout peut arriver. Par le jeu des alliances, sur fond d’intérêts pétroliers, le monde reste à la merci du moindre incident.
Publié le 2 novembre